Comme une lame de fond, ce roman nous emporte jusqu'à la dernière page. Linda Lê a déjà publié une quinzaine de romans dont À l'enfant que je n'aurai pas. Dans Lame de fond, en lice pour le Goncourt, elle revient sur les thèmes qui lui sont chers: l'exil, la langue, la filiation, l'amour et la mort.
Comme elle, son héros est né au Vietnam. Depuis son arrivée en France, Van s'est adapté à la vie parisienne au point d'en oublier sa langue maternelle. Il a épousé une Bretonne, travaillé comme correcteur, tenté d'être un bon mari et un bon père. La rencontre d'Ulma est venue bouleverser l'ordre des choses avant sa mort tragique, à l'aube de la cinquantaine. Du fond de son cercueil, Van soliloque sur son passé. Sa femme, sa fille et son amante ponctuent son récit de leur perception des événements. Chacun dévoile ses regrets et voudrait réécrire sa vie. Alors que Van évitait de créer des remous, sa fille et son amante tentent d'échapper aux conventions. La structure du récit de ce roman polyphonique est brillante; l'écriture, ciselée. De la grande littérature.
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Lame de fond, de Linda Lê. Christian Bourgeois éditeur, 280 pages