À travers les mers asiatiques voguent deux vieux tigres qui ont pas mal de kilomètres au compteur.
On parle du Portugais Yañez de Gomara et du prince malais Sandokan, deux pirates qui oeuvrent, vers la fin du XIXe siècle, contre les grands intérêts capitalistes des pays européens. Ces personnages ont déjà existé sous la plume d'Emilio Salgari, écrivain italien spécialisé dans le roman-feuilleton.
Grand joueur littéraire, Paco Ignacio Taibo II, né en Espagne mais vivant à Mexico, a décidé de faire revivre les deux pirates de Salgari, mais à la sauce anticapitaliste du XXIe siècle. Les résultats sont farfelus et parfois jouissifs.
Armé de proverbes chinois et de canons Gatling, le navire La Mentirosa («La Menteuse») traverse l'Asie du Sud-Est à la recherche de malfaiteurs capitalistes - ce qui ne manque jamais. Nos deux flibustiers n'ont rien contre les nouvelles technologies de leur époque.
Leur succès dépend de leur capacité à naviguer plus rapidement et à mitrailler plus intensément que leurs ennemis. Pensez à Jules Verne, aux Trois Mousquetaires et aussi à Don Quichotte et Sancho Panza, et vous aurez une idée du ton de ce roman d'aventures.
Mis à part un bref passage au bordel, je conseillerais cette lecture aux jeunes qui aiment bien la bande dessinée qui voyage par les paysages exotiques. Nous sommes dans le domaine de la fantaisie: nos pirates gagnent chaque bataille. Comme dit Yañez à la fin du roman, qui se termine sur un autre combat: «Ces pauvres empires régis par des idiots sont incapables de tuer un mythe».
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Le retour des tigres de malaisie, de Paco Ignacio Taibo II.