Elles étaient loin d'être politiquement correctes, les filles de La vie en rose. Il suffit de relire les éditoriaux de ce magazine féministe publié entre 1980 et 1987 pour constater que les Émond, Pedneault, Guénette, Moisan et Pelletier abordaient les questions de société de plein front.

Elles le précisent d'ailleurs dans un de leurs premiers textes: «À La vie en rose, nous n'avons pas le culte de l'objectivité. Des partis pris déclarés nous en avons, même plusieurs...»

Avortement, indépendance du Québec, pouvoir politique des femmes, religion, porno... elles ont abordé toutes les grandes questions qui ont animé, et parfois déchiré, la société québécoise dans les années 80.

Bien sûr, elles disent parfois des choses énormes, comme dans cet éditorial intitulé «Aimons-nous les hommes?» où elles écrivent: «Pour les femmes, l'hétérosexualité est l'ornière bien tracée qui mène au travail ménager gratuit, puisque c'est la forme spécifique que prend l'amour des femmes pour les hommes...»

La relecture de ces textes nous rappelle que le féminisme québécois, plutôt discret ces jours-ci, a déjà eu des intonations plus radicales. Et que le point de vue féministe permettait de jeter un éclairage différent sur l'actualité et les grands débats de société. Dommage que cette voix se soit tue.

Les mots de désordre

Marie-Andrée Bergeron

Éditions du remue-ménage, 170 pages

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