Dans chacune des histoires de Le Clézio, on trouve des femmes qui refusent la marche du monde et qui souffrent d'être immobilisées. Dans la première, qui donne son nom au recueil, elle avance, légère, elle vole, même, vers son amant, portée par l'amour, jusqu'à ce que la maternité, et l'abandon qui suivra, alourdisse son pas, et qu'enfin, elle caresse les pieds de son bébé.

Il y a celle qui refuse de rester sur la rive parce que l'homme s'en va vers un avenir meilleur de l'autre côté de la mer, cette mer qui efface les traces de ceux qui partent en exil.

Il y a cet hommage à la poétesse anglaise Letitia Elizabeth Landon, qui veut parcourir l'Afrique, tandis que la maîtresse noire de son mari doit prendre le chemin de la répudiation.

Chaque histoire est un bijou à propos de cette humanité qui foule la terre, et le livre se termine sur un petit essai, un «À peu près apologue», qui nous révèle un Le Clézio émerveillé par ces gens qui l'entourent dans les wagons de métro, qui nous explique «l'importance du pied dans les relations humaines».

Après tout, ce sont eux qui font de nous d'étonnants voyageurs, et ce recueil magnifique nous transporte, littéralement.

Histoires du pied et autres fantaisies

J.M.G Le Clézio

Gallimard, 346 pages

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