Dans L'éloge de la folie, Érasme avait grafigné les sociétés chrétiennes. Exactement 500 ans plus tard, Alberto Manguel regroupe, dans Nouvel éloge de la folie, des publications antérieures et des textes de conférences pour évoquer notre Occident empêtré dans les mêmes errements, la technologie en sus.

Même avec les iPhone, BlackBerry, iPad et autres e-books, le livre d'encre et de papier et le lecteur ont encore un rôle à jouer, dit Manguel, «en ces temps où l'avidité a presque acquis la qualité de vertu et où les ambitions corporatistes prennent le pas sur les considérations sociales».

Puisant dans Alice au pays des merveilles autant que dans Don Quichotte de la Manche, passant d'Homère à Borges et écorchant Michel Houellebecq, Antoine Gallimard et Mario Vargas Llosa, l'essayiste-humaniste veut croire dans le pouvoir de la littérature.

«Pour un lecteur, c'est là sans doute la justification essentielle, voire la seule, de la littérature: sa faculté d'empêcher la folie du monde de s'emparer totalement de nous.» Lucide, il se demande toutefois par quels moyens les citoyens pourront être des «lecteurs créateurs et non des voyeurs passifs».

Ce livre est un bijou sur la grande chance d'aimer lire et sur la lecture en tant que guide universel pour un monde meilleur.

NOUVEL ÉLOGE DE LA FOLIE

Alberto Manguel

Actes Sud/Leméac

390 pages

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