Prolifique auteur jeunesse converti depuis quelques années au roman policier, Sylvain Meunier (L'homme qui détestait le golf, la trilogie Lovelie D'Haïti) verse à nouveau dans le mystère avec Les mémoires d'un oeuf.

Cette petite plaquette donne vie à un retraité du monde interlope, passionné de dessin et misanthrope au possible. Le quotidien de ce «vieillard» (il s'impose volontairement une allure d'ancêtre) est perturbé lorsqu'un matou blessé attire, à sa propre surprise, sa sympathie. Cette rencontre anodine se voudra l'élément déclencheur d'une série d'événements qui raviveront le goût du crime du narrateur, dont l'esprit tordu se révèle au fil du récit. Dans ce dernier rayon, mentionnons son obsession pour les oeufs ou encore le complot qu'il raconte avoir mis en place pour commettre son premier meurtre. Bien que le bouquin n'ait rien d'un conte pour enfants, il en affiche néanmoins la légèreté de lecture deux heures suffiront à le dévorer, tout en proposant un récit savamment ficelé malgré sa concision. Le ton acide et froid du narrateur, de même que la fluidité et la richesse de l'écriture de Sylvain Meunier, contribuent à faire de ces Mémoires d'un oeuf un suspense réussi qu'on est presque surpris d'avoir déjà terminé.

Les mémoires d'un oeuf, de Sylvain Meunier. Éd. La courte échelle, 132 pages