Après le succès international de Purge, voilà la traduction des Vaches de Staline, premier roman de Sofi Oksanen paru en 2003 dans sa version originale finlandaise.

Mais le lecteur ne doit pas s'y tromper: Les vaches de Staline est une oeuvre moins achevée, plus brute que celle que le prix Femina a couronnée en 2010, mais encore plus dure et plus poignante, si c'est possible. Mettant en scène l'Estonie, Les vaches de Staline est encore un règlement de compte avec le régime soviétique. Le titre est d'ailleurs une référence aux chèvres faméliques de Sibérie que les déportés ont découvertes à la place des vaches qu'on leur avait décrites. Anna, jeune femme née en Finlande d'une mère estonienne et d'un père finlandais, raconte l'histoire de la famille de sa mère telle qu'elle l'a vécue, c'est-à-dire très mal. On apprend ce qui est arrivé à sa grand-mère, déportée, à sa mère, malade de honte, et surtout à elle, atteinte de troubles alimentaires graves. Condensé des horreurs soviétiques au ton glacial et aux descriptions tranchantes, Les vaches de Staline n'est pas de tout repos. La précision avec laquelle Anna décrit ses séances de vomissement, par exemple, est carrément dégoûtante. Âmes sensibles, s'abstenir.

Les vaches de Staline, de Sofi Oksanen. Éd. Stock, 513 pages

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