Un homme, une femme, une rencontre. D'une prémisse qui n'annonce rien d'original, Éric Reinhardt tisse l'un des romans les plus fascinants de la rentrée littéraire, côté français -il est toujours en lice pour le Renaudot-.

Victoria, c'est Victoria de Winter. Bourgeoise, belle, épanouie, puissante. Directrice des ressources humaines d'un grand groupe européen, elle parcourt le monde, vit plusieurs vies, totale maîtresse de son destin et de son désir. Face à elle, David Kolski, 42 ans, architecte refoulé devenu maître de chantier. Il est à gauche, issu d'un milieu ouvrier, marié à une femme par fidélité à une promesse arrachée. Elle est du côté des dominants: à droite, férocement libérale, clinquante. «Victoria est une femme dont la liberté est l'autre face de son ultralibéralisme», explique Éric Reinhardt dans une interview accordée à Libération. D'une rencontre intime et hautement sexuelle naît une critique sociale et politique. Duplicité, pouvoir, désirs de grandeur, mensonges et trahison: les acteurs de ce «système Victoria» semblent d'abord caricaturaux, puis révèlent une complexité étonnante. Jusqu'à la révélation des dernières pages,

Le système Victoria est un roman puissant, féroce et déstabilisant.

Éditions Stock, 528 pages