Bien qu'auréolé du prix Man Booker Prize 2010, La question Finkler de Howard Jacobson ne fera pas l'unanimité.

Il est de ces romans dans lesquels on se perd avec délice si l'on parvient à y entrer. Pour certains, la porte reste close. Les autres redemanderont de l'humour fin (et juif?) et de l'intelligence de ce Philip Roth anglais qui, sous des dehors de comédie grinçante, signe là un récit ancré dans un sérieux certain. En présence, deux copains d'enfance qui ont atteint la cinquantaine et celui qui a été leur professeur d'histoire. Ils sont Julian Treslove (le narrateur), Sam Finkler et Libor Sevlick. Les deux derniers sont Juifs et veufs. Le premier est juste divorcé, mais deux fois... et il se demande s'il n'est pas juif depuis qu'il a été victime d'une agression. Un fait banal, auquel il pense et repense, pour conclure que son agresseur l'a pris pour un «youpin». Les réflexions de Treslove se déroulent alors que Finkler fonde la Société des juifs honteux, un groupe qui appelle au boycottage d'Israël. Le résultat parle actualité, pose un regard nostalgique sur le temps passé, se penche sur les amitiés masculines. Des personnages originaux et colorés, des situations juste assez déjantées et une écriture vive et drôle font de cette Question Finkler une formidable comédie humaine.

La question Finkler, de Howard Jacobson. Éd. Calmann-Lévy, 381 pages.

***1/2