Il l'avait dit en 2008, alors qu'il excavait ce filon-là: il allait être responsable de la mort de bien des arbres. À son habitude, Stephen King ne plaisantait pas: Dôme se présente en deux briques totalisant plus de 1200 pages. C'est beaucoup de papier. Mais, au moins, ce qui y est imprimé vaut le détour: les fans du maître de l'horreur y plongeront avec bonheur, surtout ceux qui aiment sa veine «je place un échantillon de société sous mon microscope, je déclenche quelques calamités et j'observe».

Roman densément peuplé, Dôme se déroule à Chester Mill, bourgade de 2000 habitants qui se trouve à proximité de Bangor, dans le Maine - bref, le fidèle lecteur de Stephen King aura l'impression de se retrouver chez lui, puisque c'est le terrain de jeu de prédilection du romancier.

Par un jour d'un octobre du futur proche (Barack Obama en est à son deuxième mandat), un champ de force s'abat autour du village. Shlack! Comme un couteau géant. Amputant des membres, séparant des familles, provoquant des accidents sur la route et dans les airs. Le mur est invisible, mais aussi impénétrable.

Alors que politiques, forces de l'ordre et scientifiques tentent de comprendre ou de détruire ou de faire se lever le dôme, à l'intérieur de ce lieu devenu clos, on tente de survivre. Ou de profiter de la situation. Combat manichéen entre les gentils, menés par un ancien militaire qui a fait l'Irak; et les méchants, dirigés par un politicien véreux qui a une main sur la Bible et, dans l'autre, un revolver.

C'est Brume, mais à plus grande échelle. C'est Le fléau, mais à dimension réduite. Ce, pour raconter une histoire façon Le seigneur des mouches... mais à la manière King: la psychologie est plus brute, le gore plus présent, les ficelles plus visibles, la finale plus cahotante. Ce qui n'empêche pas le message de passer. Les messages, en fait, parce qu'outre la critique de la droite américaine, Dôme parle aussi de liberté de presse, abus de pouvoir. Et environnement - façon, pour Stephen King, de se racheter auprès des arbres tombés au combat pour ce pavé?

Chose certaine, on comprend que Steven Spielberg soit intéressé à adapter cette histoire étouffante (à plus d'un terme) en série télévisée.

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Dôme - roman 1 et roman 2. Stephen King. Albin Michel, 640 et 576 pages, 32,95 $ chacun.