Ils se rencontrent, ils s'aiment librement, quatre enfants naissent. Se dessine le portrait d'une femme douce prenant peu à peu le pouvoir sur un homme et sur ses enfants, devenant autoritaire, tyrannique, abusive.

Une centaine de pages saisissantes, assénées par la plume nerveuse d'Angot survolant l'évolution d'un couple qui se délite. On les lit d'une traite, fasciné par ce personnage féminin difficile à cerner. Jusque-là, pas de «je». Où est donc passé le sujet Angot?

C'est presque avec surprise qu'on le voit débouler à la page 115, alors qu'on ne l'attendait plus. Cela tombe bien, le récit finissait par manquer de souffle. L'écrivaine vient de faire, on le comprend, le portrait de l'ex-conjointe de son actuel compagnon.

Rien de la vie quotidienne du couple ne nous a été épargné. Et cela va continuer. Sans décoller jamais vraiment. Pourquoi raconter tout en détail? Parce que ça a eu lieu, que c'est vrai, et que donc il faut l'écrire?

Angot, à fleur de peau, s'étend sur les péripéties de la garde des enfants. Tout semble réel, tellement réel que, bien qu'elle affirme en faire de la fiction, Angot échoue à transformer ce drame domestique et social en littérature.

Dans le prolongement du Marché des amants, elle ne produit qu'un récit brouillon, déséquilibré, qui, certes, ne laisse pas indifférent, contient des passages bien sentis, émouvants, surnageant au milieu d'autres, agaçants, d'une plate banalité.

Un écrivain a-t-il le droit de s'emparer de l'intimité d'êtres réels et de l'exposer ainsi? L'ex-conjointe, en tout cas, estime que non: elle a porté plainte contre Christine Angot.

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Les petits. Christine Angot. Flammarion. 188 pages, 31,95 $.