À une époque où rien ne va assez vite, les lecteurs plus jeunes risquent de n'y rien comprendre.

En 1979, un homme d'ici écrit son amour à une femme de là-bas, en France, après une seule nuit passée ensemble à Montréal. Aucune instantanéité, aucune interactivité - nous n'avons droit qu'à ses lettres à lui - dans cette ère pré-internet. De vraies lettres d'amour envoyées par la poste qui tentent d'assécher un océan avec le feu d'une passion spontanée.

Le narrateur, jamais nommé, décrit à son Agnès d'un soir ses rêves de toute une vie. Il vit seul; elle est mariée. Les amoureux se parlent au téléphone et finissent par se revoir quelques jours à Paris, mais la fin est aussi inévitable qu'était improbable leur rencontre. Suranné? Pas vraiment, même si ce roman épistolaire - une autre forme d'antan - du cinéaste Jean Beaudry est émaillé de plusieurs photos d'époque du coin de rue de Montréal où se seraient quittés les amants.

L'amer Atlantique a beau constater l'échec d'une liaison à travers le temps qui passe et l'absence, ce récit intelligent fait surtout émerger l'espoir, ce véritable moteur de l'amour. L'amour attendu, l'amour fantasmé, l'amour inventé. L'espoir donc. C'est joliment écrit avec un juste dosage de métaphores habiles et de réalisme inhérent à un journal, aussi amoureux soit-il.

L'amer Atlantique

Jean Beaudry

Triptyque, 105 pages