Guy Lalancette croit qu'il faut raconter la mort, puisque toutes les morts ont un écho. Celle de sa soeur, disparue dans un bête accident de voiture, l'a secoué au point où il en a fait un court récit au titre magnifique: Le bruit que fait la mort en tombant.

«Aucun récit, aucune histoire pour honorer la mémoire ne voudra te reconnaître.» Par petites phrases, l'auteur de La conscience d'Eliah décide donc de rendre hommage à la vie et à cette soeur dont il était si proche, relate leur enfance, leur connivence, lui redonnant vie l'espace de quelques pages.

Et la profondeur du manque, l'absurdité de l'existence qui continue, trouve sûrement une résonnance dans chaque lecteur.

Mais là où le témoignage se transforme vraiment en littérature, c'est lorsque Guy Lalancette raconte le bruit d'autres morts, celles de Zamarah, enfant soldat 100 fois violée, de Julia Josèphe, enceinte, qui périt dans un torrent de boue, de Tianuk, qui s'éteint dans les vapeurs d'essence, de la quêteuse au foulard, morte de froid, d'Isabelle, qui s'est pendue...

Toutes ces histoires anonymes qui ensemble, forment un véritable concert et se joignent à celle d'Armande, ces voix produisant, au final, un bruit assourdissant.

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Le bruit que fait la mort en tombant. Guy Lalancette. VLB éditeur, 73 pages, 19,95 $.