Magasin général n'est pas de ces séries dans lesquelles on peut entrer par n'importe quelle porte. Il faut lire les albums dans l'ordre pour bien suivre l'évolution des personnages, dont les affinités et conflits constituent l'essentiel de cette histoire campée dans le Québec d'antan.

Ernest Latulippe ne s'envisage que dans la foulée de Montréal, album publié l'an dernier avec lequel il forme un diptyque.

Ce sixième tome reprend d'ailleurs là où le précédent nous a laissés: Marie, au bout du fil, annonce à Serge qu'elle ne sait pas quand elle reviendra de la grande ville. Or, pendant qu'elle s'émancipe, le village commence à regretter son absence.

La gravité de son péché est réévaluée à la baisse et une nouvelle source de tension survient: le village manque de tout depuis que le Magasin général n'est plus ravitaillé. Serge qui est passé de survenant à sauveur prend les choses en main, une fois de plus.

L'art de Loisel et Tripp charme encore, même si Ernest Latulippe s'avère un album de transition. La mécanique dramatique s'essouffle un peu et il faudra un coup de barre pour redonner du tonus à cette série.

Il demeure quand même difficile de résister à cette fresque intimiste qui, sous ses airs bucoliques, parle de la place de l'individu dans une société tricotée serré.

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Magasin général T. 6 Ernest Latulippe. Loisel et Tripp. Casterman, 72 pages.