Les amateurs de conte auront sans doute grand plaisir à lire le dernier volet des trois vies racontées par Echenoz. Série qu'il avait entreprise avec Ravel et poursuivie avec Courir sur le marathonien Emil Zátopek.

Cette fois, l'écrivain français s'appuie sur la vie de Nikola Tesla, qui imagina le courant alternatif, invention qu'il se fit voler par Edison tout comme nombre de ses idées suivantes aussi visionnaires que la radio, le rayon X ou le radar. Tesla est raconté sur un ton naïf qui flirte avec le merveilleux, la littérature prenant sans retenue le pas sur les faits, ce qui, d'emblée, se révèle enthousiasmant.

Né par une nuit d'orage, Gregor - alias Nikola Tesla - sera doté d'un caractère ombrageux, colérique. Enfant précoce, il devient rapidement un inventeur compulsif et impatient, oubliant au passage de protéger ses idées. Le narrateur omniscient, ne se laissant aller à aucune psychologie, survole le destin d'un excentrique inadapté, sachant manier la célébrité mais qui ne connaîtra jamais aucune relation affective.

Sans surprise, on assiste à une dégradation progressive vers une pauvreté et une solitude totales. La chute, impeccable, boucle le conte avec élégance. C'est du côté du style que l'on tique un peu. Les phrases aux tournures soignées se marient bizarrement à des élans de familiarité un peu trop poussée du conteur. Ces interventions, que certains trouveront légères et drôles, pourront toutefois paraître quelque peu infantilisantes.

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Des éclairs. Jean Echenoz. Éditions de Minuit, 175 pages