Lionel Shriver a fait, en 2003, une entrée percutante dans le paysage francophone de la littérature, avec Il faut qu'on parle de Kevin. Impossible d'oublier la manière dont elle y scrute la maternité et ses ambivalences - en tout cas, chez la mère de Kevin - et le rôle que, peut-être, probablement, cette attitude aura dans le fait que le garçon tuera quelqu'un.

Ce livre controversé vaut sans conteste le détour. C'est moins vrai de Double faute, qui est un peu, pour le lectorat francophone, un «dommage collatéral» du succès du premier.

 

Après avoir traduit l'an dernier le roman suivant de Lionel Shriver, La double vie d'Irina, il fallait battre le fer tant qu'il était chaud. Et se rabattre sur les oeuvres précédentes de l'auteure.

En version originale, Double faute date de 1997. Il n'a pas l'impact d'Il faut qu'on parle de Kevin. Et si l'auteure insiste pour dire que ce n'est pas un roman sur le tennis mais sur le mariage, en vérité, c'est beaucoup un roman sur le tennis. Et on peut perdre intérêt si ce sport ne nous passionne pas.

Même s'il est vrai que le récit est aussi celui de l'impact de la compétition entre conjoints - ici, deux vedettes montantes du tennis dont les trajectoires vont en sens inverse. Efficace mais pas particulièrement innovateur ni provoquant (pas de la part de la «mère» de Kevin!).

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Double faute. Lionel Shriver. Belfond, 444 pages.