Blacksad poursuit son exploration de l'Amérique profonde avec ce qui semble être une enquête de routine: il doit retrouver Sebastian, un pianiste de jazz doué et... drogué jusqu'aux yeux. L'aventure devient vite plus complexe qu'il n'y paraît.

Les intentions du commanditaire de l'enquête, un riche producteur de disques, semblent vite suspectes. Blacksad se bute de plus à l'hostilité de certains oiseaux de nuit de La Nouvelle-Orléans, où se déroule l'intrigue, et à celle du détective privé véreux à qui l'affaire avait d'abord été confiée.

Guardino réjouit l'oeil, une fois de plus, avec ses animaux «humanisés» très typés, mais impressionne surtout par sa maîtrise des éclairages. Par des jeux de couleur et de lumière très évocateurs, il permet de ressentir les lieux: une nuit chaude et animée, la cour d'une riche maison située dans les bayous, le carnaval sous un ciel clair et un soleil de plomb.

Moins impressionnant, le scénario n'offre toutefois qu'un suspense policier anecdotique, un thriller de surface. Surtout si on le compare aux excellents Arctic-Nation et Âme rouge, des albums plus profondément ancrés dans la société américaine et qui en exploitaient les dessous les moins reluisants (racisme, maccarthysme).

Le plaisir ici tient davantage à la peinture qui est faite de la Big Easy qu'aux ressorts dramatiques de l'histoire.

_______________________________________________________________________________

* * *

Blacksad L'enfer, le silence. Diaz Canales/Guardino. Dargaud, 56 pages.