Roman d'automne. De rouges et de bruns. De ciel gris et de mer infinie. D'odeurs de gigot d'agneau ainsi que de parfums salins. De fortes bourrasques et de tressaillements de l'âme. On peut sentir toutes ces choses vivantes dans La respiration du monde, deuxième roman admirable de Marie-Pascale Huglo.

C'est aussi un récit où il ne se passe rien. Ou si peu. L'Angleterre aujourd'hui ou peut-être hier, croit-on un moment, un village de la côte, une pension où deux femmes âgées passent les jours.

L'une, veuve, propriétaire d'auberge, fine cuisinière et heureuse d'un rien. L'autre, une cliente célibataire, orgueilleuse fille de capitaine et excédée de tout. Et entre les deux; la faune d'un petit village, la mémoire vive, de magnifiques paysages du bout du monde, la mort qui vient et la vie décrite avec une infinie tendresse dans la beauté du détail, autant des émotions que des lieux.

Telle une dentellière patiente et amoureuse, Marie-France Huglo manie la langue comme peu le font au Québec.

Une fois oubliée la page couverture du roman, quelconque par rapport au texte subtil qu'elle doit représenter, son livre fait du bien, nous amène à prendre le temps, à respirer à fond et à ressentir le monde pour ce qu'il est, la vie pour ce qu'elle vaut. Vraiment.

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La respiration du monde. Marie-Pascale Huglo. Leméac, 166 pages