Claude Jasmin a beaucoup écrit dans sa vie. Il a parlé aussi, parfois pour rien. Tout le monde le fait. Prenez le cas de Mario Vargas Llosa. Rien n'empêche l'oeuvre immense d'un idéologue néo-libéral d'être reconnue à sa juste valeur et de gagner un prix Nobel.

À notre échelle, Claude Jasmin est un artiste tout aussi incontournable et, heureusement, il n'avait pas encore tout écrit. Avec Papamadi, le chantre de La Petite-Patrie revient sur son enfance et son père dévot.

Un Montréal lointain à l'odeur d'eau bénite et de tabac à pipe. Un passé qui n'étouffe pas le petit Claude, mais pas loin. L'enfant répète aux copains tous les récits de saints et d'apparitions de la Vierge dont l'abreuve son paternel, ce qui lui vaut le surnom de papamadi. Le grand Claude, lui, en a voulu longtemps à son père en raison de ses histoires à dormir debout.

Mais la beauté de la chose et du roman réside dans la paix que fait naître le temps et la question qu'on devrait tous se poser au sujet de nos parents: sont-il heureux?

On y trouve aussi une intrigue secondaire inutile, mais hormis ce bémol, il y a surtout la plume alerte et tendre de Claude Jasmin, l'écrivain qui sait diablement bien faire sourire et émouvoir.

______________________________________________________________________________

* * * 1/2

Papamadi. Claude Jasmin. VLB éditeur, 142 pages.