Quiconque a succombé au charme du Grand incendie et du Passage de Vénus le sait: la prose de Shirley Hazzard est une machine à voyager. Dans le temps, mais aussi d'un lieu à un autre.

Dans La baie de midi, publié en 1970 et enfin traduit, cette exceptionnelle femme de lettres née en 1931 en Australie puis ballottée aux quatre coins du monde dans le sillage de parents diplomates et, par la suite, de ses propres «affectations professionnelles», nous raconte Naples.

Naples qui se déploie sous nos yeux, en relief et en nuances, comme les - autres - personnages principaux du récit. Naples où elle a vécu, en ces années 1956-57, envoyée là par l'ONU.

Sa narratrice, Jenny, Anglaise qui a quitté Londres et un frère qu'elle aimait trop, y passe ces mêmes années, elle, employée par l'OTAN. Elle y rencontre Giaconda, la belle écrivaine et son amant, le volage Gianni, réalisateur de films.

Il y a les ruines de Naples, le regard neuf de Jenny, la formation d'un certain triangle, le portrait critique d'un temps, l'incursion dans la psyché de personnages intrigants.

Sans avoir l'ambition des deux romans de l'écrivaine déjà traduits en français, La baie de midi est un beau, un très beau détour qui ravira ceux qui connaissent et aiment la musique de Hazzard.

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La baie de midi. Shirley Hazzard (traduction de Claude et Jean Demanuelli). Gallimard, 265 pages.