Albert Millaire ouvre le tiroir de sa mémoire et propose de l'accompagner dans sa traversée d'un peu plus de 50 ans de création. Des années capitales pour l'art dramatique d'ici puisqu'elles seront marquées par la naissance de théâtres devenus des institutions (TNM, Rideau Vert), mais aussi par les premières décennies de la télévision de Radio-Canada.

S'attachant aux personnages qu'il a joués, Albert Millaire vogue dans ses souvenirs, mêlant les anecdotes éclairantes à d'autres moins signifiantes. Il donne la mesure du défi qui se posait à ceux qui choisissaient le métier d'acteur, leur immense plaisir à savoir qu'ils étaient des bâtisseurs et raconte des tournées épiques... jusqu'en URSS!

On regrette seulement qu'en revisitant le passé, il n'ose pas de réflexion plus approfondie sur son art. Son stage au Berliner Ensemble - du temps où Brecht le dirigeait! - est rapidement évoqué, comme le reste de son année passée en France à la même époque.

«Mes oeillères sont tombées, mon esprit s'est ouvert, je n'ai plus jamais été le même. Je suis revenu détenteur d'un bagage qui me sert encore aujourd'hui», écrit-il, sans rien expliciter.

L'effort de mémoire, sur ce plan, reste superficiel. L'ouvrage du comédien, qui a vaincu un cancer au tournant du millénaire, s'avère néanmoins éclairant sur l'évolution des conditions de production du théâtre et de la télévision d'ici et constitue un témoignage chaleureux.

______________________________________________________________________________

Mes amours de personnages. Albert Millaire. Éditions de l'Homme. 319 pages.