Elles sont solides, les «bulles» de Claire Castillon. Si elles ne l'étaient pas, elles éclateraient, percées par la plume acérée de l'auteure d'Insectes et d'On n'empêche pas un petit coeur d'aimer, recueils de nouvelles qui ont été suivis de deux romans, grinçants eux aussi, Dessous, c'est l'enfer et Les cris.

Avec Les bulles, Claire Castillon revient à la nouvelle, genre qui lui sied à merveille. Elle y distille son venin de contagieuse façon: de l'autre côté du livre, il se fait absinthe pour le lecteur.

Les bulles, ce sont 38 courts monologues chapeautés d'un prénom. Le voile est bas. Il se lève, offre un portrait de relation, se lève encore et l'image, par un adroit changement de perspective, devient tout autre chose, surprise, et choc au tombé final, avec ces quelques mots qui clouent le cercueil de façon aussi impitoyable que délectable.

C'est avec cette férocité qui caractérise ses écrits que Claire Castillon dit ces êtres, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, tous empêtrés dans des certitudes qui leurs servent d'oeillères.

Leurs propos peuvent sembler absurdes mais dans les relations, l'être humain n'est-il pas capable du meilleur comme du pire? Rendez-vous jouissif, ici, avec le pire.

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Les bulles. Claire Castillon. Fayard, 192 pages.