Ce très beau roman, deuxième volet du cycle de la famille Chen amorcé dans La pivoine de jade, est une évocation des années 30 dans le Chinatown de Vancouver.

Cette fois, c'est Kiam-Kim, le «premier fils», celui qui doit donner l'exemple, qui raconte son enfance, le fragile équilibre de sa famille reconstituée, avec ses secrets et ses fantômes, ses papiers trafiqués. Comme le premier roman, La montagne d'or a été récompensé par le prix Trillium ontarien. L'auteure travaille à un troisième roman qui donnera la parole à l'aïeule.

En devenant un homme, le garçon doit choisir entre plusieurs cultures. Celles de la Chine ancienne, que porte la grand-mère, Poh-Poh, faites de vieilles croyances et traditions qui menacent les petites filles et oblige une mère à se faire appeler «maman» pour ne pas irriter l'esprit de la première épouse défunte. Celles de la nouvelle république de Chine, tiraillée politiquement. Celles de son pays d'adoption, incarnées par le père qui cumule plusieurs boulots. Celles du Chinatown, une société fermée aux codes complexes où se chevauchent de nombreux dialectes.

L'écriture est d'une grande délicatesse, toute en retenue. Le récit sonne juste, dégage un charme mystérieux. La vie est dure, le passé rempli d'horreurs, mais comme soufflent à Kiam-King tous les survivants: «Navigue, rame, nage, mais avance vers le rivage...»

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La montagne d'or. Wayson Choy, traduit de l'anglais par Hélène Rioux. XYZ, 445 pages.