André est boucher comme ses père, grand-père et arrière-grand-père à Quimper quand éclate la Grande Guerre. Trop jeune pour les tranchées, il devient vite du village le spécialiste de la tranche, fût-elle de boeuf, de veau, de mouton ou de porc.

Les femmes esseulées apprécient vite ses talents dans le maniement de la chair et se disputent chaque samedi le morceau d'araignée qui donne droit à un rendez-vous derrière la basilique. Avant longtemps, André se retrouve avec sept marmots au moment où meurent ses parents et que la paix est retrouvée. Pour sauver l'honneur de ses valeureuses clientes, il plie bagage et s'embarque sur un rafiot en quête de l'Amérique. Le voyage est long comme la vie. Un beau jour, toute la famille se retrouve sur une terre inconnue. André prend conscience que ses petits ont grandi. Dans une langue savoureuse à faire damner un végétarien, Provost invente une jolie parabole de la vie. Tout comme elle, le temps s'accélère dans ce récit empreint d'humour, de sagesse et d'amour de la langue française.

La chute, étonnante à souhait, fera grincer les esprits chagrins ou les irréductibles passéistes, victimes «des atermoiements tourmentés et stériles, quand le présent meurt au passé sans avoir encore défini l'avenir».

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Bifteck. Martin Provost. Phébus, 125 pages.