Avec pour trame de fond les années post-Apartheid, L'imposteur de Damon Galgut (La faille, Un docteur irréprochable) suit le parcours d'Adam, quarantenaire qui vient de perdre maison et emploi à Johannesburg et part se ressourcer au fond du bush sud-africain, dans une maison de campagne délabrée dont le jardin est envahi par la végétation.

Là-bas, il rencontre un homme, Canning, qui se dit son ami d'enfance. Adam n'en a aucun souvenir, mais joue le jeu et découvre ce que Canning appelle la «nouvelle Afrique du Sud», son faste, sa démesure, ses magouilles aussi. C'est que Canning a hérité d'un parc animalier, éden verdoyant au coeur d'une terre aride, et compte bien le transformer en golf luxueux, quitte à faire quelques entorses à la loi.

Témoin à la fois fasciné et horrifié, Adam s'enfonce dans la déchéance et la dépression, s'accrochant à son désir pour la femme de Canning, et aussi à celui d'écrire des poèmes. Inégalités sociales, rapports entre Noirs et Blancs, choc entre la tradition et la modernité, Damon Galgut ratisse large dans un roman parfois un peu trop psychologisant, mais à l'ambiance lourde et oppressante qui tient le lecteur en haleine.

Son portrait d'une société gangrenée par son passé, cynique et sans appel, donne froid dans le dos. Et après la rencontre finale entre Adam et Canning, on réfléchit longuement à l'impact qu'ont nos paroles et nos actes sur la vie des autres.

ROMAN/AFRIQUE DU SUD

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