La séance est de ces bouquins dans lesquels le lecteur est littéralement happé. Son auteur, John Harwood, sait manier les clés du thriller gothique. Et les tourner de façon à ce que son histoire se déroulant dans l'Angleterre victorienne prenne dans son dernier acte les couleurs plus inquiétantes et graphiques du roman d'horreur. On imagine déjà le film qui pourrait être.

On en voit le décor principal: Wraxford Hall, un manoir dont vient d'hériter Constance Langdon. Avec un avertissement, que lui sert John Montague, avocat responsable du dossier: qu'elle s'en débarrasse.

Bien sûr, la jeune femme - troublée parce qu'elle se sent responsable de la mort de sa mère: elle cherchait à l'aider à surmonter le deuil de son autre enfant et, pour cela, a un peu «manipulé» une séance de spiritisme - ne suivra pas le conseil de l'homme de loi.

Même après avoir lu les journaux intimes de Montague lui-même et d'une jeune femme qui a disparu avec son bébé de ce manoir dont l'histoire est également marquée par la mort violente et la disparition de plusieurs membres de la famille Wraxford.

Une histoire classique, donc. Dont la forme - la succession des journaux - est originale... mais l'aurait été plus encore si les auteurs des différentes parties ne s'étaient pas tous exprimés de la même manière.

À cause de cette lacune, on croit moins en la présence de différents narrateurs. Mais là où John Harwood réussit particulièrement bien, c'est dans la description de l'atmosphère étouffante de l'Angleterre victorienne - où les femmes, parce qu'elles naissaient femmes, écopaient automatiquement d'une manière d'emprisonnement à perpétuité.

Une partie de l'horreur que dit ce livre se trouve-là.

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LA SÉANCE. JOHN HARWOOD. NÉO/LE CHERCHE-MIDI, 358 PAGES, 31,95 $.