«Merci infiniment», répond Malcolm Lowry à son éditeur en amorce d'une lettre de 1946 dans laquelle il va s'efforcer de justifier la structure complexe de son manuscrit d'Au-dessous du volcan, critiquée par un lecteur de la maison d'édition.

C'est avec une élégance exquise - et une bonne dose d'ironie et d'humour - que Lowry va rejeter chaque critique, se disant pourtant prêt à faire des coupes si tant est qu'elles lui soient imposées par un lecteur qui prenne toute la mesure de ses intentions d'auteur.

On le comprend vite: il estime être, lui, l'auteur, le seul à détenir la vérité sur son oeuvre, résultat de 10 années de labeur. Prenant un à un chaque chapitre, il en loue la «remarquable cohérence», l'«immense drôlerie»... Chaque détail est «absolument nécessaire» à la compréhension globale: «Je ne m'oppose pas à d'éventuelles coupes ici et là, quoique le rythme assommant et plat me paraisse essentiel.»

Petit chef-d'oeuvre d'arrogance polie, la lettre est une plaidoirie en faveur d'une oeuvre difficile, nécessitant une seconde, voire une troisième lecture pour en comprendre les enjeux.

Lowry se livre à la défense d'Au-dessous du volcan avec l'assurance d'avoir écrit l'oeuvre parfaite, la comparant à une cathédrale: «Comment être sûr qu'en procédant à des coupures sévères (...) on n'ébranlerait pas alors les fondations du livre et sa structure profonde, celles-là même qui en justifient la lecture?».

En définitive, «Il (le roman) requiert une attention soutenue, mais le lecteur sera amplement récompensé de son effort», promet-il. Les lecteurs qui vouent un véritable culte à ce chef-d'oeuvre ne peuvent que confirmer.

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Merci infiniment. Malcolm Lowry. Editions Allia. 88 pages, 10,95 $.