Raconter les coulisses du pouvoir, coucher son programme sur le papier, démolir ses adversaires ou se dévoiler un peu avant une échéance électorale, beaucoup de politiciens publient mais les succès, comme le récent livre de François Fillon, sont rares.

Tiré à 86 000 exemplaires - 6000 viennent tout juste d'être réimprimés - le livre de François Fillon, Faire, sorti fin septembre, s'est déjà vendu à 40 000 exemplaires, selon son éditeur Albin Michel. D'après le classement GFK, basé sur des ventes en librairie - mais qu'il faudrait un peu «majorer» aux dires de plusieurs éditeurs - il pointait mercredi à 26 752 exemplaires, soit un vrai succès.

«Depuis trois ans, la moyenne de vente pour un homme politique c'est 3000 exemplaires», explique un éditeur parisien. Son précédent livre, publié en 2006, s'était déjà écoulé à 25 000 exemplaires.

«Je suis assez étonné, je n'aurais pas misé une cacahuète sur Fillon», a expliqué à l'AFP un éditeur concurrent. Un autre explique que désormais «à droite, il n'y a que Sarkozy, Fillon et Bruno Le Maire qui rapportent».

Interrogé sur l'à-valoir reçu par François Fillon - le chiffre de 100 000 euros a circulé - son éditeur le juge un peu excessif.

Autre ancien Premier ministre également engagé dans la course présidentielle, Alain Juppé, a lui aussi choisi la voie du livre pour son programme. Sorti fin août, Mes chemins pour l'école, connaît aussi un beau succès. Tiré à 33 000 exemplaires, le livre pointait à 10 000 ventes au classement GFK mercredi. Son éditeur (JC Lattès) se félicite qu'il n'y ait que «très peu de retours» des libraires, «un bon signe», d'autant que la durée de vie des livres est courte.

Trois autres ouvrages vont suivre pour le maire de Bordeaux, le prochain en janvier. «Dans la mallette du candidat à l'élection présidentielle, il y a toujours le bouquin», relève le député LR Benoist Apparu, un de ses proches, pour qui Alain Juppé «renouvelle l'exercice avec une collection thématique». Alain Juppé avait déjà vendu 40 000 exemplaires de Je ne mangerai plus de cerises en hiver (2009).

Échec pour Cambadélis

Autre rare succès de librairie, Bruno Le Maire. Selon son entourage, son livre Jours de pouvoir qui raconte ses deux années de ministre sous Sarkozy, s'est vendu à plus de 66 000 exemplaires. «Il voit toujours les choses par le prisme de la littérature», commente son entourage. Son roman Musique absolue, a été vendu à 14 000 exemplaires.

M. Le Maire notait d'ailleurs dans sa déclaration faite à la Haute-Autorité pour la transparence (HATVP) en 2014 que ses droits d'auteur «peuvent atteindre 80 000 euros sur une année pour une publication réussie».

Peu d'hommes politiques peuvent se targuer de ces chiffres. Pour Abus de pouvoir, le centriste François Bayrou, en a vendu 80.000 exemplaires. Il a écrit près d'une quinzaine de livres et dans un autre registre, sa biographie d'Henri IV, a atteint des records: 250 000 exemplaires.

Dans la catégorie mémoires, le livre de Philippe de Villiers, qui vient de sortir, démarre fort, avec 20 000 ventes les dix premiers jours, selon Albin Michel.

À gauche, avec Le hareng de Bismarck, Jean-Luc Mélenchon a lui aussi fait un tabac: près de 40 000 exemplaires vendus, selon Plon. Cécile Duflot, «première à faire du «Hollande bashing»» relève un éditeur, a vendu près de 40 000 exemplaires du livre qu'elle a fait juste après son départ du gouvernement.

En revanche, le dernier livre du premier secrétaire du PS (À gauche, les valeurs décident de tout) Jean-Christophe Cambadélis, a été tiré à 6000 exemplaires. Il en aurait vendu moins de 400. Impossible d'avoir confirmation chez l'éditeur... «Cela s'appelle prendre une taule!», s'exclame un concurrent.

Nicolas Sarkozy avait beaucoup vendu avec Libre en 2001 et Témoignage en 2006. Son entourage dément qu'un livre soit en préparation, comme l'affirmait récemment la presse.