Cinquante ans après sa mort, l'oeuvre d'Aldous Huxley continue à trouver de nouveaux lecteurs. Le meilleur des mondes, l'une des dystopies les plus marquantes du XXe siècle, étonne encore aujourd'hui par sa prescience. Regard sur la vie et l'oeuvre d'un prophète social.

De sa naissance le 26 juillet 1894 à sa mort le 22 novembre 1963 (le même jour que John F. Kennedy et C.S. Lewis...), Aldous Huxley s'est toujours laissé guider par sa curiosité. Voici quatre moments marquants de son parcours intellectuel.

Huxley psychédélique

Aldous Huxley a largement documenté ses expérimentations avec les drogues hallucinogènes. Dans Les portes de la perception, l'écrivain fait le récit détaillé de sa première expérience avec la mescaline. Le groupe The Doors a d'ailleurs tiré son nom du titre original de cet essai publié en 1954, The Doors of Perception.

C'est aussi dans sa correspondance avec Huxley que le psychiatre Humphry Osmond a créé le terme «psychédélique». L'écrivain ne faisait toutefois pas la promotion de l'usage récréatif des drogues, selon James Sexton, professeur au Camosun College et spécialiste de Huxley. «C'était pour lui un moyen d'avancer vers des visions mystiques.» Les expériences de Huxley avec la drogue ne se termineront qu'à la toute fin de sa vie: à sa demande, sa femme Laura lui administre une petite dose de LSD sur son lit de mort.

H comme Hollywood

Critique virulent des premiers films parlants (dans ses essais, mais aussi dans Le meilleur des mondes où le «Cinéma sentant» est dépeint comme un outil de manipulation des masses), Aldous Huxley a tout de même passé une grande partie de sa vie... à Hollywood!

On pouvait même voir les célèbres lettres blanches de la véranda de la maison où il a habité avec sa deuxième femme, Laura. Huxley y a tenté une carrière de scénariste, sans grand succès. On lui doit notamment une adaptation de Jane Eyre mettant en vedette Orson Welles dans le rôle de Rochester (1943). Huxley a également écrit le premier «traitement» d'Alice au pays des merveilles, rejeté personnellement par Walt Disney qui, selon la légende, aurait dit n'en avoir compris qu'un mot sur trois.

Portrait de famille

Par son père, Aldous Huxley était le petit-fils du célèbre biologiste britannique Thomas Henry Huxley, surnommé «le bouledogue de Darwin» pour sa défense de la théorie de l'évolution.

Par sa mère, il était le petit-neveu du poète et critique anglais Matthew Arnold. «Huxley était le produit d'une formation intellectuelle bien particulière [...], de la rencontre de deux grands courants de la pensée du XIXe siècle, la science et l'art», note son biographe, Nicholas Murray.

Ses frères, Julian et Andrew Huxley, ont tous deux mené des carrières scientifiques, Andrew remportant le prix Nobel de médecine en 1963.

À l'âge de 17 ans, Aldous Huxley a lui-même dû interrompre des études prémédicales à cause de la maladie des yeux qui l'a rendu presque aveugle. Il choisira finalement de faire des études de littérature anglaise à Oxford.

Du Meilleur des mondes à 1984

En plus d'y avoir étudié, Aldous Huxley a aussi brièvement enseigné à Eton, prestigieuse école publique britannique. Parmi ses élèves se trouvait le futur auteur d'un autre célèbre roman dystopique: Eric Blair, qui se ferait plus tard connaître sous le pseudonyme de George Orwell.

À la publication de 1984, en 1948, Orwell a fait envoyer un exemplaire à son ancien professeur de français. Après avoir lu son livre, Huxley écrit à Orwelll: «Je crois que le cauchemar de 1984 est destiné à se transformer en un cauchemar ressemblant davantage à celui que j'imaginais dans Le meilleur des mondes