Être une fille de Charlie Chaplin est loin d'être un fleuve tranquille. C'est ce que raconte Jane Chaplin, l'une des filles de «Charlot», dans «17 minutes avec mon père», une autobiographie saisissante qui a libéré l'auteure de ses démons.

«C'est un peu comme si un bagnard se trouvait libéré de ses chaînes», a confié Jane Chaplin, âgée de 51 ans, dans un entretien accordé à l'Associated Press, pour le lancement de son livre en France jeudi.Aujourd'hui installée à Carthagène (Colombie), Jane, sixième enfant sur huit née de Sir Charles Spencer Chaplin et Oona O'Neil, se souvient des années «d'enfermement dans le manoir suisse où vivait la famille, en fait une prison dorée».

«Excepté au dernier étage, où des nounous prenaient soin de nous, il était interdit de jouer, de crier, de courir dans les nombreuses pièces de ma maison, au risque de déranger papa qui restait des journées enfermées dans son cabinet de travail», a détaillé Jane Chaplin, aujourd'hui elle-même mère de deux enfants.

Jane Chaplin, la plus introvertie de la fratrie, parle «des raclées humiliantes» infligées par son père avec la complicité de sa mère. Comme à 7 ans, quand elle avait «découpé une paire de collants pour en faire un bermuda».

Une mère qui d'ailleurs faisait barrage systématique aux relations entre la fratrie et leur père: «Votre père est un génie, il a besoin de calme», plaidait celle qui devait plus tard sombrer dans l'alcoolisme.

Née quand «Charlot» avait déjà 68 ans, Jane a aussi dû affronter à son sujet les «Mais qu'est-ce qu'il est vieux!» de ses camarades de classe quand ce père aux cheveux blancs venait la chercher en Bentley à la sortie de l'école.

«Au total, la seule vraie discussion en tête-à-tête que j'aie eu avec lui aura duré 17 minutes: c'est le jour où je lui ai fait part de ma volonté de passer un concours pour intégrer une école de comédie».