Les fans d'Astérix ont répondu présents jeudi à Paris, Berlin ou Bruxelles pour fêter l'arrivée du 36e album des aventures de l'irréductible Gaulois, confronté cette fois à la liberté de l'information, un sujet traité avec un humour ravageur.

À Bruxelles, capitale mondiale de la BD, les albums du Papyrus de César s'empilent dans le vaste rayon BD de la librairie Filigranes, la grande librairie francophone de la capitale belge.

«Astérix, pour nous, c'est un grand plaisir à chaque fois de le revoir dans les rayons, c'est quelque chose qui a bercé l'enfance de la plupart des lecteurs de BD», explique Charles Cachelou, directeur du marketing de la librairie. Cette sortie est «un événement», dit-il.

Rencontrée à Strasbourg, Géraldine Furst, une infirmière de 35 ans, accompagnée de ses trois enfants, n'a hésité que quelques secondes avant d'acheter Le papyrus de César. «On a déjà toute la collection. Mes parents avaient déjà commencé, alors on continue. Astérix est intemporel. C'est toujours le même univers, ça ne change pas».

Les nouveaux auteurs d'Astérix, Jean-Yves Ferri et Didier Conrad «apportent à nouveau de l'élan et de l'esprit à la série. Les plaisanteries sont moins vieux jeu et pleines de clichés (...). Astérix reste pour toujours en l'an 50 avant Jésus-Christ, mais il semble maintenant être enfin entré dans ce millénaire», s'est félicité le quotidien berlinois Der Tagesspiegel.

Aux côtés d'Astérix et Obélix, un nouveau personnage apparaît dans Le papyrus de César: le «colporteur sans frontière» Doublepolémix, directement inspiré de Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks.

L'album a été salué par Albert Uderzo, le dessinateur «historique» du petit Gaulois, qui a posé crayons en 2011. «Bravo les p'tits gars! Je suis très content, j'ai éprouvé du plaisir à le lire comme si c'était moi qui l'avait fait», a-t-il affirmé sur la radio Europe 1.

Hommage à Bébert et René

Comme pour le précédent album, Astérix chez les Pictes, paru il y a deux ans, Jean-Yves Ferri a écrit le scénario et Didier Conrad a pris la relève d'Uderzo pour dessiner l'irréductible Gaulois.

Astérix demeure un phénomène d'édition exceptionnel en France. C'est aussi la BD la plus vendue et la plus lue au monde.

Le 35e opus, Astérix chez les Pictes a dépassé les 5 millions d'exemplaires vendus (en 23 langues) sur la planète. Depuis la création d'Astérix, en 1959, par le génial duo René Goscinny (disparu en 1977) et Albert Uderzo, âgé de 88 ans, quelque 365 millions d'albums se sont écoulés. Un chiffre qui n'atteint pas toutefois le succès de la saga Harry Potter, vendue depuis son lancement en 1997 à plus de 450 millions d'exemplaires.

Pour ce 36e album, les Éditions Albert-René, une filiale du groupe Hachette, ont prévu un tirage total de 4 millions d'exemplaires en 20 langues (dont 2 millions pour le monde francophone).

Quand l'histoire du nouvel Astérix débute, César est sur le point de publier La guerre des Gaules. Un des chapitres consacré aux revers subis «face aux irréductibles Gaulois d'Armorique» chagrine son éditeur et agent Bonus Promoplus, un nouveau personnage ressemblant physiquement au publicitaire français Jacques Séguéla.

En acceptant de supprimer cette «tache sur son curriculum vitae», César prend aussi le risque de voir ressurgir le compromettant papyrus. Évidemment, il va y avoir une fuite. Un scribe appelé Bigdatha donne le précieux document à Doublepolémix, qui le transmet au village gaulois.

Les Romains sont prêts à tout pour le récupérer. Y parviendront-ils? Les cinq dernières vignettes, hommage émouvant de Ferri et Conrad à «Bébert» Uderzo et «René» Goscinny, montrent que la vérité finit toujours par triompher.