En France, le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) a demandé mercredi au ministre de la Culture Frédéric Mitterrand de se prononcer sur l'éventuel ajout d'un avertissement en préambule à l'album Tintin au Congo.

L'ouvrage a été sévèrement critiqué pour ses relents racistes tant par les fans que par les critiques. Sortie en 1931, alors que la Belgique colonisait encore le Congo, la bande dessinée narre les péripéties du petit journaliste blanc dans cette terre africaine où une population noire présentée comme stupide finit par le vénérer comme un dieu, lui, mais aussi son chien Milou.Le CRAN se dit «favorable» dans un communiqué «à ce qu'un additif soit placé en préambule de l'ouvrage pour rappeler, notamment à l'intention du jeune public, que cet album est à lire avec la distance nécessaire à toute caricature».

L'organisation, qui dit avoir «d'abord exploré la voie d'une discussion avec les éditions Casterman», demande au ministre de la Culture de se prononcer sur cet album. «Il appartient aussi à l'État de prendre ses responsabilités et de trancher cette question.»

L'album est le deuxième d'une série de 23 qui retracent les aventures de Tintin, le reporter intrépide, et de son célèbre petit chien blanc Milou. Tous numéros confondus, il s'en est vendus 220 millions d'exemplaires dans le monde, traduits en 77 langues. Hergé lui-même avait confessé son embarras.

En 2007, Tintin au Congo a été retiré pour racisme des rayons enfants des librairies Borders en Grande-Bretagne et aux États-Unis. En Afrique du Sud, les éditeurs sud-africains d'Hergé, Human & Rousseau, qui publie d'habitude en afrikaans les aventures du reporter, avaient décidé de ne pas traduire cet album.

Certaines éditions ultérieures avaient été débarrassées des épisodes les plus choquants. Cependant, une version non expurgée a été publiée en 2005 en Grande-Bretagne, assortie d'un avertissement et d'une préface rappelant le contexte colonial qui avait vu son écriture.