Plus que jamais, la place des femmes dans le monde du cinéma est une question d'actualité. Or, ce roman, prenant, instructif, mais aussi parfait pour la plage ou la terrasse, vient rappeler que sans l'apport des femmes, Hollywood ne serait pas le miracle cinématographique que l'on connaît.

S'appuyant sur une recherche historique rigoureuse, et dont elle définit avec honnêteté les contours dans sa note en fin d'ouvrage, l'auteure propose ici la rencontre romancée mais réelle de deux géantes du cinéma américain : la comédienne Mary Pickford, Torontoise d'origine, et la scénariste et réalisatrice (avec moins de succès, comme on le lira dans l'extrait) Frances Marion. En plus de jouer, Pickford a cofondé la compagnie United Artists et l'Académie des Oscars, alors que Marion a écrit de nombreux scénarios qui ont fait époque (Anna Christie, par exemple, dans lequel Greta Garbo parle à l'écran pour la première fois). 

Écrit avec une perspective résolument féministe, ce roman nous fait passer du cinéma muet au parlant, évoque la violence faite aux femmes dans les studios, nous parle de la Première Guerre mondiale, de charleston, d'avortement, de mondanités, de la vie sentimentale étoffée et complexe des vedettes, etc. Son seul défaut, ce sont plusieurs passages à l'eau de rose ou chargés d'hésitations quand les deux principaux personnages, surtout Pickford, n'arrivent pas à se brancher. Malgré cela, nous l'avons quitté avec beaucoup de regrets, tant il repose sur un socle solide.

EXTRAIT

« Après ça, je ne fus plus certaine d'avoir envie de réaliser un autre film ; en tant que scénariste, je n'avais jamais eu de critiques aussi ouvertement sexistes. Les femmes étaient catégorisées ; il n'y avait que peu de femmes réalisatrices, comme Lois [Weber]. On nous acceptait apparemment mieux comme scénaristes ou monteuses, des rôles de collaboration plus que de direction. Mais Joe Schenck me harcela pour que je réalise un film ayant pour vedette Norma Talmadge, et j'acceptai. Pour le regretter aussitôt. »

Hollywood Boulevard

Melanie Benjamin

Éditions Albin Michel

512 pages

***1/2