Cet été, La Presse vous fait découvrir chaque dimanche un lieu littéraire tantôt méconnu, tantôt inusité. Aujourd'hui, l'Euguélionne, librairie féministe située dans le Village.

LE LIEU

À un jet de pierre du métro Beaudry, dans le Village, L'Euguélionne se définit fièrement comme librairie féministe.

Fondée en 2016, elle est actuellement la seule librairie féministe au Canada. Mais elle n'est pas la première du genre au Québec. D'autres librairies féministes, ou avec un fort volet féminin (L'androgyne, La librairie des femmes, L'essentielle), ont eu pignon sur rue dans le passé.

L'idée de fonder cette nouvelle maison vouée à la littérature des femmes s'est exprimée par Facebook. Quelques Montréalais, qui ne se connaissaient pas mais avaient le même objectif, se sont rencontrés et regroupés en une coopérative de solidarité sans but lucratif, indique Nicolas Longtin-Martel, une des six personnes fondatrices.

L'endroit compte 2750 membres et vient d'obtenir son agrément, ce qui lui permet de vendre aux bibliothèques et aux écoles.

LE NOM

Le nom de la librairie vient du titre d'un roman de Louky Bersianik (nom de plume de la Montréalaise Lucile Durand) paru en 1976 aux Éditions La Presse (et par la suite chez Stanké et Typo). « L'Euguélionne est considéré comme le premier roman féministe au Québec, dit Nicolas Longtin-Martel. Ce roman de science-fiction raconte l'histoire d'une extraterrestre en provenance d'une planète égalitaire qui, arrivant sur Terre, découvre un patriarcat dominant. Elle entreprend une déconstruction de ce patriarcat et aide à la libération des femmes. »

LES SERVICES

Ouvrages féministes, ouvrages écrits par des femmes, écrits sur la diversité sexuelle et de genre, ouvrages pour enfants, poésie, bandes dessinées, livres d'art, beaucoup d'essais (la moitié du fonds), littérature autochtone et de personnes « racisées », que ce soit de nouveaux ouvrages ou des classiques, voilà ce que le visiteur trouvera en magasin.

Très ancrée dans le quartier, la librairie met bien sûr en valeur des auteurs ayant vécu dans le Village ou y étant associés, telle la poète et dramaturge Josée Yvon (1950-1994).

« Nous tirons une grande fierté de nos livres pour enfants, se réjouit également Nicolas Longtin-Martel. Nous portons une grande attention à trouver des livres non stéréotypés. On essaie par exemple d'éviter des ouvrages reproduisant des histoires de chevaliers qui vont sauver une princesse. On propose des ouvrages montrant une diversité de corps, de modèles familiaux, qui abordent des enjeux LGBT, etc. »

La librairie tient aussi une importante section de « zines ». Il s'agit d'autopublications, de petits ouvrages faits de façon artisanale et dont la mise en page est très libre avec l'usage de dessins, de collages, l'écriture en lettres attachées...

Comme toute bonne librairie qui se respecte, L'Euguélionne propose une panoplie d'activités parallèles, mais à sa sauce : performances, lectures, lancements, soirées queerotiques et autres.

LA RECOMMANDATION

Une suggestion de lecture pour cet été ? Les libraires de L'Euguélionne nous conseillent Filles Missiles. « Dirigée par Marie Darsigny et Sarah Hébert, Filles Missiles est une plateforme de publications qui s'incarne dans un blogue et un magazine bisannuel. Portées par des autrices de haute volée telles que Chloé Savoie-Bernard, Daphné B. et Julie Delporte, pour ne nommer qu'elles, les écritures - souvent accompagnées d'illustrations fumantes - se réclament héritières de la grande Josée Yvon et elles y font honneur ! À lire ! »

L'Euguélionne

1426, rue Beaudry

PHOTO Martin Chamberland, LA PRESSE

La librairie se trouve rue Beaudry, juste à côté de la station de métro du même nom.

PHOTO Martin Chamberland, LA PRESSE

Nicolas Longtin-Martel au comptoir de la librairie L'Euguélionne