Le nouveau Elena Ferrante vient de sortir  en librairie. Voici pourquoi c'est un événement.

On l'attend depuis longtemps

Il aura fallu attendre presque un an avant de pouvoir plonger dans la suite de la tétralogie L'amie prodigieuse d'Elena Ferrante. C'est long, 11 mois... En entrevue exclusive, par courriel, dans L'Obs (un coup fumant pour l'hebdomadaire français), l'écrivaine explique qu'elle a commencé à écrire cette histoire en 2009. «Développer l'intrigue avec toutes ses ramifications m'a demandé environ un an, a-t-elle confié au journaliste Didier Jacob. Ensuite, j'ai entrepris le travail de révision, et là j'ai découvert avec grand plaisir que, dès la première page, le texte prenait une ampleur nouvelle, il enflait et enflait encore, devenant autre chose. Fin 2010, vu la quantité de pages que j'avais accumulée uniquement pour raconter l'enfance et l'adolescence de Lila et Lena, nous avons opté, la maison d'édition et moi, pour une publication en plusieurs volumes.»

C'est un excellent livre

Comme il fallait être patient pour attendre la sortie de la traduction française, l'auteure de ces lignes a lu ce quatrième tome en anglais. Et vous confirme qu'il est à la hauteur des trois autres. Meilleur, si c'est possible. L'intrigue est toujours aussi prenante, les personnages toujours aussi riches et complexes. En toile de fond, il y a la vie politique italienne, les Brigades rouges, la pauvreté et ses ravages, la violence surtout. On pleure, on rit, on rage. Le seul défaut de ce livre, c'est qu'il s'agit du dernier... Car Elena Ferrante l'a confirmé, il n'y aura pas de suite. Par contre, elle travaille à l'adaptation de L'amie prodigieuse pour la télé, une coproduction de HBO, la Rai et Canal +.

On s'est attaché à Lila et Lena

Ces deux femmes sont fascinantes et attachantes. On voudrait les connaître, prendre un café avec elles. À la question «Pourquoi souffrent-elles autant tout au long du roman?», Elena Ferrante a répondu ceci au journaliste de L'Obs: «Je ne trouve pas que leurs malheurs soient tellement éloignés de ceux que connaissent les femmes tous les jours partout dans le monde, en particulier celles qui sont nées pauvres. Lila et Lena tombent amoureuses, se marient, sont trompées, trompent, cherchent une place dans le monde, subissent des discriminations, ont des enfants et les élèvent, sont parfois heureuses et parfois malheureuses, font l'expérience de la perte et de la mort. [...] En général, ce sont les liens affectifs que nous tissons avec les personnages qui nous font percevoir leur histoire comme une succession d'infortunes.»

Son auteure nous intrigue toujours autant

Mais qui est donc Elena Ferrante? Certains rêvent de découvrir l'identité de celle (ou celui?) dont les romans se sont vendus à des millions d'exemplaires dans le monde. En 2016, le journaliste italien Claudio Gatti affirmait qu'il s'agissait d'Anita Raja, traductrice chez E/O, la maison d'édition de Ferrante. La semaine dernière, Pierre de Gasquet, grand reporter au journal Les Échos, allait plus loin : selon lui, c'est le mari de Raja, l'écrivain et ancien professeur de lettres Domenico Starnone, qui écrit les livres signés Ferrante. Chaque fois qu'un journaliste enquête sur l'identité de l'écrivaine, les fans protestent et réclament qu'on lui fiche la paix. Quoi qu'il en soit, on pourra lire Elena Ferrante dans The Guardian, où elle tient désormais une chronique dans le cahier Week-end.

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L'enfant perdue. Elena Ferrante. Gallimard. 560 pages.

Gallimard

L'enfant perdue