L'écrivain Claude Simon, prix Nobel de littérature en 1985, pourrait-il être publié aujourd'hui? Non! ont répondu en substance une vingtaine d'éditeurs qui ont refusé un texte d'un des maîtres du Nouveau Roman qu'un admirateur de l'écrivain français leur avait envoyé.

«Nous échangions avec un écrivain très connu à propos de la littérature et des maisons d'édition. Il m'écrivait: "Aucun éditeur, aujourd'hui, n'accepterait de publier Claude Simon"», a raconté mardi sur la radio France Inter l'auteur du canular, Serge Volle.

Pour en avoir le coeur net, Serge Volle, 70 ans, a envoyé à une vingtaine d'éditeurs une cinquantaine de pages du Palace, un roman paru en 1962.

Le résultat a été sans appel: 12 éditeurs ont dit non, 7 n'ont même pas répondu.

Serge Volle a raconté sur la radio publique qu'un éditeur avait justifié son refus en expliquant que «les phrases (tirées de Palace) sont sans fin, faisant perdre totalement le fil au lecteur».

«Le récit ne permet pas l'élaboration d'une véritable intrigue avec des personnages bien dessinés», a ajouté cet éditeur.

Serge Volle a estimé que ces 19 refus montrent que les créations littéraires qui ne cherchent pas la facilité et ne visent pas à établir des records de ventes sont délaissées. Paraphrasant Proust, il a rappelé qu'avant d'écrire il fallait être «célèbre». «Aujourd'hui, c'est le concept de livre jetable qui fait fureur», a-t-il déploré.

Le jugement est sévère. Il y a 50 ans un éditeur aurait-il publié Éric Vuillard, prix Goncourt cette année? Ce n'est pas certain.

L'écriture de Claude Simon, mort en 2005, est réputée difficile, y compris par ses admirateurs, et, malgré son Nobel, il demeure encore un écrivain plutôt méconnu.