Kate Millett, écrivaine et militante féministe américaine, auteure notamment de La politique du mâle, est décédée mercredi à l'âge de 82 ans, a-t-on appris vendredi auprès de ses proches.

Elle a succombé à une attaque cardiaque à Paris, où elle se trouvait avec son épouse, la photojournaliste canadienne Sophie Keir, a précisé à l'AFP l'écrivaine Phyllis Chesler, une amie du couple.

Elle «est décédée dans une ville qu'elle adorait. C'était une intellectuelle au style européen: cosmopolite, lettrée, voyageuse, aux talents multiples, qui aimait les rituels, une femme qui fumait, qui aimait boire du vin au dîner et, le matin, prenait souvent son café dans un bol», a rappelé Mme Chesler, une autre figure du féminisme américain.

Kate Millett est devenue célèbre en 1970 lorsqu'elle a publié La politique du mâle (Sexual Politics), conçu à l'origine comme une thèse de doctorat et qui a ensuite servi de référence à tous les théoriciens des mouvements féministes.

Elle y décrit une société patriarcale, s'en prend à la misogynie de romanciers tels que D.H. Lawrence, Henry Miller et Jean Genet et y démolit les théories de Freud.

Née le 14 septembre 1934 dans le Minnesota, dans une famille catholique d'origine irlandaise, Kate Millett a étudié dans le Minnesota puis à Oxford, où elle s'est spécialisée dans la période victorienne de la littérature anglaise.

De retour aux États-Unis, elle enseigne l'anglais, s'initie à la sculpture et, en 1961, va s'installer au Japon. Elle y rencontre le sculpteur Fumio Yoshimura, qui deviendra son époux.

Après avoir admis en public son homosexualité, elle publie Flying (En vol), mal accueilli par la critique américaine. Suivra un autre livre autobiographique, Sita.

Elle publie aussi La Cave, méditations sur un sacrifice humain, et Iran, après s'être rendue dans ce pays en 1979 pour y soutenir les droits des femmes.

Son livre The Loony Bin-Trip (1990) est inspiré de son expérience personnelle en hôpital psychiatrique puisque, souffrant de troubles bipolaires, elle fut internée sans son consentement.

Dans cet ouvrage, elle «a décrit les terribles effets que l'emprisonnement a eu sur son âme d'artiste, son esprit intellectuel», a commenté Phyllis Chesler.

Parmi les nombreux hommages sur Twitter, l'actrice et scénariste américaine Lena Dunham a salué une femme qui «a été la pionnière de la pensée féministe, a déstigmatisé la maladie mentale, portait d'immenses lunettes à la mode».