Les romans font voyager. Au coin d'une rue dans une ville qu'on croyait connaître par coeur; au bout du monde dans un pays qui nous apparaît telle une autre planète. Cet été, La Presse vous amène vers une ville, un pays, des gens riches en couleurs, en saveurs, en histoires drôles ou bouleversantes. Cette semaine, cap vers la Guyane.

Destinations 

Guyane, New York, Bogota et Paris

Guides

Simone et André Schwarz-Bart 

Ils ont écrit ensemble et séparément. Depuis la mort d'André en 2006, Simone continue leur travail commun avec ce troisième roman à quatre mains. André a reçu le Goncourt en 1959 pour Le dernier des justes. Commandeuse de l'Ordre des arts et des lettres en France, Simone a écrit en 1972 Pluie et vent sur Télumée Miracle, considéré aujourd'hui comme un chef-d'oeuvre de la littérature caribéenne. 

Attraction principale

D'origine antillaise, Marie raconte d'abord la vie de Jeanne, une femme qu'elle accompagne lors de ses derniers jours sur terre dans les années 50. Celle-ci fait promettre à Marie d'écrire sa vie à son tour. Pour montrer que les démons peuvent être chassés, que la lumière peut l'emporter sur les ténèbres de vies qu'on aurait crues plutôt vacillantes, par trop fragiles.

Souvenirs de voyage

«Adieu Bogota» sont les derniers mots du roman de Simone et André Schwarz-Bart. Mais on sent que c'est le début d'un affranchissement. Après un long périple marqué par la misère et la douleur. D'abord celui de Jeanne, la maman trop aimante abandonnée peu à peu par un fils ingrat. Puis celui de Marie la Martiniquaise qui s'accroche à une bouée, un ex-bagnard fuyant son passé. La route sera longue et pénible, même si quelques accalmies se présentent entre la Guyane, New York, Bogota et Paris. On finit toujours sur les grandes routes par croiser plus démuni que soi. Avant de trouver une oasis de fin de vie, Marie sera victime d'une agression sans nom à Bogota. La plume sensible et l'intelligence de tous les instants du couple Schwarz-Bart gardent cependant Marie, et le lecteur, à flot. Quand la vie de tous les jours, dans ce qu'elle a de plus simple et de plus prosaïque, atteint à la transcendance, c'est qu'on est face à du très grand art !

Passeport (un extrait pour donner le goût d'embarquer)

«Mais c'est une chose impossible d'imiter les personnes "heureuses": strictement impossible. Il y en a plusieurs qui ont essayé, pendant quelques jours, pour se retrouver plus bas qu'au départ. Ça n'a rien d'une mode, ça ne s'attrape pas avec les mains, comme une mouche: et ça ne loge pas dans une boîte, comme un haricot. On peut s'y tromper: croire qu'on l'est et ne l'être pas; et inversement, n'avoir pas remarqué sa propre métamorphose. C'est tellement fluide, ça pénètre si doucement en vous qu'on s'en rend souvent compte après coup. Mais comment savoir, comment être sûre de ce qui vous arrive?...»

Image fournie par Seuil

Adieu Bogota, de Simone et André Schwarz-Bart