Un outrage mortel, le 12e roman de Louise Penny, arrive sur les rayons précédé d'excellentes critiques. À sa sortie en anglais l'an dernier, le Washington Post a même déclaré qu'il s'agissait du meilleur roman de sa carrière.

Dans Un outrage mortel, on retrouve le personnage fétiche de Louise Penny, Armand Gamache, qui accepte d'interrompre sa retraite pour prendre les commandes de l'école de police de la Sûreté. Après avoir combattu la corruption au sein des forces policières, le voilà déterminé à tuer le ver dans la pomme, et donc à faire le ménage au sein de l'établissement. Comme le dit l'auteure, « si la muraille de Chine s'est écroulée, ce n'est pas à la suite d'attaques extérieures, mais bien à cause d'une brèche à l'intérieur ».

Mais on s'en doute bien, la tâche ne sera pas si simple pour le commandant. Entre les vieux fantômes, les anciennes façons de faire de l'école et les jeunes idéalistes qui ont choisi d'embrasser la carrière de policier, Gamache devra naviguer serré. En parallèle, les lecteurs retrouveront avec bonheur l'attachante petite communauté de Three Pines, qui se passionnera pour une mystérieuse carte - carte qui jouera un rôle clé dans le récit - et qui permettra de retracer l'histoire du village jusqu'à la Première Guerre mondiale.

UNE HISTOIRE DE TRANSMISSION

« Je voulais parler de transmission et de l'importance des mentors dans notre vie, confie Louise Penny, jointe à Londres, où elle a passé une partie de l'été. Gamache est un mentor pour les élèves de l'école de police. Et au sein de la petite communauté de Three Pines, Ruth est un mentor pour Claire. À travers ces deux personnages féminins, je voulais faire référence au mouvement des femmes. C'est grâce aux femmes avant nous que nous sommes arrivées là où nous sommes aujourd'hui. Un peu comme la communauté des fourmis qui forment un pont pour traverser la rivière, et dont les plus vieilles se noient pour permettre aux plus jeunes de traverser. Je trouve cette image très belle, très poignante. »

La vie est parsemée de mentors positifs, mais on peut aussi rencontrer des mentors négatifs. Il en est également question dans Un outrage mortel. Le personnage de Leduc, entre autres, ce policier qui incarne les vieilles façons de faire, exerce une influence néfaste sur certains élèves.

« Le roman parle aussi des choix que nous faisons chaque jour, les banals comme les importants, et les conséquences qui viennent avec. »

Armand Gamache fera donc des choix déterminants, comme celui d'accepter la demande d'admission d'une jeune fille dont la candidature avait été rejetée la première fois. Pourquoi ? C'est un des mystères du roman. Car à première vue, la jeune Amelia, avec sa méfiance, ses tatouages et ses piercings, n'a pas grand-chose en commun avec ses confrères. « J'ai côtoyé des jeunes femmes comme Amelia, dit Louise Penny. Elles sont comme nous, elles veulent appartenir à quelque chose de plus grand. »

Mais Gamache a ses raisons. Tout comme il a ses raisons de prendre contact avec son ancien complice Brébeuf pour lui faire une demande qui ne sera pas sans conséquence.

« Ces deux hommes-là s'aiment, mais il y a eu une trahison fatale entre les deux, observe l'écrivaine. Certains passages ont été difficiles à écrire, mais j'aime aborder des sujets avec lesquels je ne suis pas à l'aise. J'aurais aimé que ce soit plus facile, mais l'important, pour moi, c'est que ce que je décris soit fidèle à ce qui arrive dans la vraie vie. »

L'ESPRIT DE FAMILLE

Comme dans la plupart des romans de Louise Penny, on retrouve dans Un outrage mortel des références à l'art - la peinture, la musique, la littérature. Comme lorsqu'Armand Gamache offre à Amelia un exemplaire des Pensées de Marc Aurèle. « C'est plus qu'un livre que lui offre Gamache, précise l'auteure. C'est un héritage spirituel, une sagesse. Personnellement, les méditations de Marc Aurèle me font réfléchir au courage. Je n'ai pas toujours eu le courage d'assumer les conséquences de mes actes, mes personnages non plus. »

Autres thèmes récurrents dans l'oeuvre de Penny : l'amitié ainsi que l'esprit de communauté, qui est une des caractéristiques de la petite ville de Three Pines que les lecteurs de Penny apprécient tant. Ce même esprit de communauté (certains diront esprit de corps), on le retrouve également dans les rangs de la police. Et on le voit naître dans le petit groupe de jeunes recrues de l'école de police dirigée par Armand Gamache. 

« De nos jours, tout le monde veut appartenir à un groupe, à une communauté, être dans une relation d'intimité avec des gens, estime Louise Penny. À mes yeux, il n'y a pas de différence entre la famille et les amis : mes amis sont mes frères et mes soeurs. Nous formons un clan avec un instinct tribal. »

Reste à voir si le clan résistera aux nombreux soubresauts imaginés par Louise Penny...

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, archives LA PRESSE

Dans Un outrage mortel, on retrouve le personnage fétiche de Louise Penny, Armand Gamache, qui accepte d'interrompre sa retraite pour prendre les commandes de l'école de police de la Sûreté.

IMAGE FOURNIE PAR FLAMMARION QUÉBEC

Un outrage mortel Louise PennyFlammarionEn librairie le 10 aoûtSon 13e roman en anglais, Glass Houses, paraîtra quant à lui le 29 août.