Le comédien Henri Chassé joue ce printemps dans le classique de Marivaux Le jeu de l'amour et du hasard, au TNM, jusqu'au 20 mai. L'acteur de 57 ans sera en tournage tout l'été dans Hubert et Fanny, la nouvelle série de Richard Blaimert (Nouvelle adresse), qui sera réalisée par Mariloup Wolfe. Ensuite, on le verra deux fois chez Michel Tremblay, avec la reprise d'Encore une fois, si vous permettez, en tournée l'automne prochain au Québec, ainsi qu'avec la création d'Enfant insignifiant!, en décembre 2017, chez Duceppe. Il nous a parlé de sa vie en livres.

Votre premier souvenir de lecture?«Les gars de la rue Paul, un roman jeunesse de François Molnar (de son vrai nom Ferenc Molnár). Ça se passe en Hongrie. Deux bandes rivales de jeunes garçons se disputent le contrôle d'un terrain vague à Budapest pour le transformer en aire de jeu. Jusqu'à ce que les autorités les en empêchent. C'est un récit dans la lignée de La guerre des boutons, une histoire d'amitié, un récit initiatique. Ce livre m'avait complètement transporté, bouleversé. En plus, je l'ai lu à 10 ans, au début des années 70, à l'époque de la sortie du film Love Story : la chanson thème du film jouait constamment à la radio. Alors, la musique du film et le livre sont tous les deux gravés ensemble au fond de ma mémoire.»

Le livre qui a changé votre vie?

«Spontanément, parmi plein d'autres à divers âges, je dirais L'étranger d'Albert Camus. C'est un professeur du secondaire III ou IV qui l'avait mis au programme de ma classe à Hull. Adolescent, j'ai adoré ce livre qui m'a donné le goût de lire, mais aussi de la philosophie, de l'absurde, de l'anticonformisme, de la marge... L'indifférence de Meursault face au monde des hommes est très proche de la révolte de l'adolescence.»

Le livre qui est sur votre table de chevet en ce moment?

«Profondeurs de Henning Mankell. J'adore cet auteur suédois, la sobriété de l'écriture, la précision de la description du quotidien, la construction du récit, l'intensité du suspense et des émotions. C'est l'un des plus grands auteurs contemporains.»

Le livre que vous n'avez jamais lu, vous ne savez pas pourquoi?

«Je n'ai jamais lu Millenium. Tout le monde lisait la saga signée Stieg Larsson il y a quelques années et parlait de son héroïne, Lisbeth Salander. Il y a des oeuvres, comme au cinéma Jaws et Pulp Fiction, que je n'ai jamais vues... peut-être parce que tout le monde en parle?»

Ce que vous avez l'intention de lire cet été?

«Je vais plonger dans les romans de Michel Tremblay que je n'ai pas encore lus. Je vais me promener dans La diaspora des Desrosiers, qui va paraître dans l'imposante collection Thésaurus lancée par Hubert Nyssen. Quand je suis arrivé à Montréal, pour étudier au Conservatoire d'art dramatique, c'était mythique, Tremblay, la rue Fabre, pour un jeune homme de Gatineau. Et là, je vais le jouer durant toute l'année.»

Un auteur que vous admirez?

«Jacques Poulin. J'ai mis du temps à plonger dans son oeuvre. Puis un jour, avant de partir en randonnée de vélo de sept jours dans le Bas-du-Fleuve, j'ai apporté deux de ses romans dans mon sac: Les grandes marées et Le coeur de la baleine bleue. Or là, j'ai eu un coup de coeur et j'ai tout lu. C'est une écriture très simple, mais raffinée. Avec des descriptions du quotidien qui sont magnifiques.»