Son rôle dans La nouvelle vie de Paul Sneijder, réalisé par Thomas Vincent et tourné au Québec, lui vaut des éloges de la presse française. Thierry Lhermitte, l'un des acteurs de l'Hexagone les plus connus chez nous, confie partager le regard de Jean-Paul Dubois sur la vie.

«À part le froid, j'étais très content», nous dit Thierry Lhermitte au téléphone, à propos de son expérience de tournage à Montréal. «J'étais enchanté de tourner au Québec avec des acteurs formidables. Je connaissais Pierre [Curzi] parce que je connaissais les films d'Arcand, mais je tournais surtout avec Guillaume Cyr. Je me suis régalé avec les deux, hein! C'était vraiment super, on s'est entendus parfaitement dès le premier jour.»

Depuis les années 70, lorsqu'il a rencontré la bande de la troupe du Splendid (Blanc, Clavier, Jugnot, Balasko, etc.), Thierry Lhermitte accumule les succès populaires, plus particulièrement dans le rayon de la comédie. Il est dans un registre un peu plus tragique avec La nouvelle vie de Paul Sneijder, adaptation du roman Le cas Sneijder de Jean-Paul Dubois, dans lequel il incarne un homme ayant survécu à un accident d'ascenseur qui a tué sa fille, et qui largue son ancienne vie proprette pour devenir promeneur de chiens.

Et disons de ce registre que ça lui va très bien - en France, certains critiques lui prédisent une nomination aux Césars. «C'est super bien accueilli, vraiment. C'est parmi les meilleures critiques que j'ai jamais eues de ma vie, dans ma carrière ! Je ne les lis pas beaucoup d'habitude, mais comme celles-là, on me les a montrées, et que c'était plaisant à lire...»

C'était un lecteur de Jean-Paul Dubois, mais il n'avait pas lu précisément ce roman qui a inspiré un film au réalisateur Thomas Vincent. 

«[Jean-Paul Dubois] est un écrivain qui mélange facilement le comique ou le cocasse, et le tragique. J'ai l'impression qu'il est de plus en plus dans le tragique.»

«Son nouveau roman, La succession, est très noir, avec des trucs marrants, poursuit-il. Disons qu'on arrive à un équilibre entre comédie et tragédie que j'aime bien.»

Thierry Lhermitte incarne un homme brisé, angoissé, qui fait tout pour se sortir de sa torpeur, au grand dam de sa femme (Géraldine Pailhas), qui le voudrait plus ambitieux. Dans le roman, on avait accès à la pensée de Paul Sneijder, mais le rôle de Lhermitte est tout en intériorité et en silence.

«C'est un personnage qui me parle assez, qui a un regard un peu distant sur les choses, sa famille et la vie en général, par son caractère d'une part, et par les circonstances aussi, qui l'ont rendu isolé, solitaire. On ne voit pas beaucoup sa vie d'avant. Manifestement, il a suivi le chemin de sa femme, sans rien dire, et il n'a pas d'amis. Les silences n'étaient pas mystérieux pour moi. J'avais un peu cette crainte mais en voyant le film, j'ai été rassuré. Il a fait un bon boulot, le metteur en scène, on arrive à suivre le chemin des pensées de Paul Sneijder.»

La première scène du film, lorsque Paul va chercher les cendres de sa fille au salon funéraire, donne le ton tragicomique. «On sent bien que l'émotion est très forte, et il y a cette actrice formidable, qui a un enthousiasme commercial respectueux, complètement artificiel, absurde... J'ai adoré cette scène-là.»

On a tous des passages à vide que nous donnent envie de tout abandonner et de changer de vie. Thierry Lhermitte aussi. «Oui, ça m'est déjà arrivé, j'en ai déjà eu envie. Mais je ne l'ai jamais fait. Je suis parti en bateau un bout de temps, mais ce n'est pas changer de vie, j'avais les moyens de le faire. J'ai vécu une année à la montagne aussi, parce que c'était un rêve que j'avais envie de vivre. Je m'entends bien avec ma famille, alors...»

La nouvelle vie de Paul Sneijder est à l'affiche actuellement.