Quel chemin suit un manuscrit entre le moment où il est terminé et celui où le livre se retrouve dans les rayons des librairies? Nous en avons suivi un.

Point final

Ça y est. Le point final a été écrit, les dernières coquilles, éradiquées et l'oeuvre est finalement achevée. Cette fois-ci, pas question qu'elle se fasse oublier dans un dossier obscur de l'ordinateur. Une fois le tri des éditeurs potentiels effectué et le roman envoyé à quelques destinataires, l'attente.

Une épaisse pile

Chez les éditeurs, peu importe leur taille, les manuscrits s'empilent, souvent par centaines. Une réponse prend au minimum six mois à arriver. Certaines entreprises envoient systématiquement le projet d'un nouvel auteur à un comité de lecture, où un pigiste a la tâche de le lire et décide s'il croit en son potentiel. Le manuscrit jugé intéressant sera ensuite transmis au directeur littéraire, qui fait le choix définitif.

10 %: Moins de 10 % des manuscrits envoyés réussissent à passer cette étape cruciale d'allumer l'intérêt du directeur littéraire.

Le contrat

Une fois le manuscrit choisi, on contacte l'auteur pour discuter avec lui. Si la chimie s'installe, c'est généralement à ce moment qu'on discute d'un contrat, du tirage minimum prévu et des redevances éventuelles.

Un long processus

En général, il faut compter près d'un an entre la signature du contrat et la publication du livre. Certains éditeurs travaillent rapidement et peuvent publier en moins de six mois un projet, tandis qu'une oeuvre plus complexe peut cheminer pendant plus de deux ans. Si certains romans requièrent peu de travail d'édition, la majorité demande de nombreux allers-retours entre l'auteur et l'éditeur. Pour ce qui est de la facture visuelle du livre, et particulièrement de la couverture, c'est la maison d'édition qui a le dernier mot.

Impression

La grande majorité des livres sont imprimés au Québec (ou ailleurs au Canada), mais certaines maisons d'édition font produire les pages couleur et les illustrations à l'étranger, où les coûts de production peuvent être coupés de moitié.

Le succès?

Chaque éditeur a sa définition du succès, mais le but est bien sûr de vendre le plus d'exemplaires possible, à moindre coût, en tenant compte du tirage initial et des besoins en réimpression. La durée de vie d'un roman en librairie peut être longue... ou très courte. Parfois, un livre peut rester quelques mois en magasin avant d'être retourné chez l'éditeur.

5000 exemplaires vendus: un best-seller, au Québec, dans la littérature générale

Sur les tablettes

-9,3 %: Selon la plus récente étude, publiée en septembre dernier, la chute des ventes de livres a été brutale. En 2014, il s'est vendu pour 622 millions de dollars de livres neufs au Québec, en baisse par rapport aux 688 millions établis en 2013. La tendance s'est poursuivie pour la première moitié de 2015, avec une diminution de 7 % des ventes par rapport à la même période l'année d'avant. Depuis 2001, la hausse n'a été que d'un maigre 0,4 %.

Source: Optique culture, numéro 43, de l'Observatoire de la culture et des communications du Québec, septembre 2015)

http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/culture/bulletins/optique-culture-43.pdf

Moins de titres, plus chers et plus d'exemplaires

Dans la catégorie Langues et littérature, la Banque de données des statistiques officielles sur le Québec a recensé, en 2013, 2703 titres publiés dans la province, avec un tirage moyen de 2257 exemplaires, pour un prix moyen de 21,90 $. Si le nombre d'exemplaires et le prix ont augmenté par rapport à 2012 (respectivement 2216 exemplaires et 20,20 $), le nombre d'ouvrages édités a baissé de 101 titres, soit une chute de 3,6 %.

Source: http://www.bdso.gouv.qc.ca/pls/ken/Ken213_Afich_Tabl.page_tabl?p_iden_tran=REPERUJ2R5X38-1152270164399%28K{&p_lang=1&p_id_raprt=2337

Ventilation des profits

Pour un livre se vendant 20 $: 

40 % au libraire, soit 8 $

15 % au distributeur, soit 3 $

10 % à l'auteur, soit 2 $

25 % à la production, qui inclut l'impression, soit 5 $

10 % à l'éditeur, soit 2 $