On pense connaître Léo Bureau-Blouin. On l'imagine rationnel, stratégique, bon élève. Puis, lors d'une rencontre au parc Laurier, on découvre qu'il est un lecteur de Jack Kerouac et de Jacques Poulin.

Presque tous les ouvrages qui emplissent le sac à dos du jeune militant de 23 ans, en ce lundi d'été, suggèrent soit l'appel du voyage, soit la contemplation philosophique. Avide d'évasion, celui qui, depuis la grève étudiante de 2012, s'est donné à fond dans l'engagement social, puis politique?

«J'ai lu Volkswagen Blues à la suggestion de ma mère. Je devais avoir 15-16 ans, c'était pendant les vacances au chalet familial. C'est un livre qui m'a marqué, que je trouve approprié pour l'été, parce qu'il invite à l'aventure, à prendre la route», songe celui qui, depuis quelques années, part chaque été en road trip avec sa copine dans le Nord-Est américain. «C'est l'imaginaire de livres comme celui-là qui m'a amené à ça.»

Le leader de la «Beat Generation», Jack Kerouac, se hisse également au sommet de la liste des auteurs qui restent chers au coeur du jeune ex-député péquiste. «Le fait qu'il soit un auteur québécois m'a interpellé. Il y a la référence à la route mythique 66, l'appartenance à une génération qui s'affranchit d'un carcan social, la voiture comme symbole de liberté et d'évasion si fort, dans les années 50 et 60, les États-Unis qui incarnent l'idée ultime de liberté, dans l'imaginaire collectif. Les livres qui mettent en scène des personnages de chez toi, qui partent à la découverte, nous permettent de nous connecter sur notre histoire et nous donnent le goût de l'aventure.»

Pour demeurer dans l'esprit du voyage, Léo évoque aussi son affection pour l'oeuvre de Guy Delisle, qui a composé des bédés sur la Birmanie, Pyongyang, Jérusalem... «Il est originaire du Québec, mais vit désormais en France, avec sa famille. Chaque année, il écrit un livre inspiré des séjours qu'il fait avec sa femme, qui travaille pour Médecins sans frontières. Il aborde des thèmes difficiles à travers une imagerie enfantine, ce qui rend plus aisée la lecture.»

Fascinante science-fiction

«La lecture, c'est comme une chasse au trésor. Tu découvres un auteur, qui dans son oeuvre en cite un autre, qui lui en cite un autre...», souligne Léo Bureau-Blouin, qui lit toujours sur des formats papier, parce qu'il aime prendre des notes et souligner des passages. Il conserve d'ailleurs longtemps ses livres de prédilection, comme 1984 de Georges Orwell, Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley et Fahrenheit 451 de Ray Bradbury.

«Les romans d'anticipation et de science-fiction me fascinent», dit Léo Bureau-Blouin, avant de faire référence à la clairvoyance d'Aldous Huxley, qui a annoncé le rétrécissement du temps de réflexion et de l'espace mental consacré à la lecture. «Huxley parle de comment on conditionne les humains pour ne pas trop aimer la nature, parce qu'on veut qu'ils travaillent dans les villes. Mais en même temps, ils sont conditionnés à aimer des sports de nature qui coûtent cher, comme le ski, parce qu'on veut qu'ils consomment...»

Comme projet de lecture estivale, il compte s'attaquer à un recueil de la revue Parti pris, cadeau que lui ont offert des amis. «Mon cercle d'amis m'amène vers des lectures à caractère plus philosophique. Pour la lecture des philosophes, plusieurs d'entre eux sont plus avancés, alors que moi, je suis à l'étape de la curiosité. Mais j'ai bien hâte de plonger là-dedans!»