L'écrivain et grande figure de l'édition française Claude Durand, surnommé «l'empereur Claude», PDG de Fayard pendant 30 ans, traducteur de Gabriel Garcia Marquez et éditeur de Soljenitsyne est mort dans la nuit de mercredi à jeudi.

Écrivain, traducteur de l'anglais et de l'espagnol, et surtout pilier de l'édition française, Claude Durand est décédé à l'âge de 76 ans à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris, a annoncé la maison d'édition Fayard jeudi.

Claude Durand «a façonné pendant 50 ans le paysage littéraire et intellectuel à travers ses choix sans concession, contre tous les pouvoirs et à rebours du conformisme», a réagi la présidence de la République dans un communiqué.

Devenu «l'empereur» de Saint-Germain-des-Prés, le quartier de l'édition à Paris, Claude Durand est pourtant un enfant de la banlieue, né le 9 novembre 1938 à Livry-Gargan, en Seine-St-Denis.

Au cours de sa carrière, il a multiplié les «coups» d'édition permettant de lever le voile sur des vérités dormant dans le subconscient français, comme l'enquête de Pierre Péan, Une jeunesse française (1994), révélant le passé vichyste de François Mitterrand. Autre succès, la Face cachée du Monde, coup de griffe au célèbre quotidien français, par le même Pierre Péan et Philippe Cohen (2003).

Mais ses principaux faits d'armes concernent la littérature. De combat. C'est lui qui fera connaître aux lecteurs français le géant colombien Gabriel Garcia Marquez en 1967, avec Cent ans de solitude, dont il réalise une traduction avec son épouse, avant même la parution du livre en espagnol en France.

Puis ce sera le coup de tonnerre du colossal ouvrage L'Archipel du Goulag d'Alexandre Soljenitsyne, expulsé d'URSS, dont Claude Durand devient l'agent et le complice jusqu'au décès de l'écrivain russe en 2008.

Dans les poids lourds de la littérature mondiale, il s'occupe aussi de l'Albanais Ismaïl Kadaré.

Le parcours de Claude Durand passe par trois des plus belles maisons françaises, Le Seuil d'abord, Grasset ensuite, rival littéraire et politique du Seuil, classée plus à droite. C'est là qu'il obtient une reconnaissance de son propre talent d'écrivain en recevant le prix Médicis pour La nuit zoologique.

Puis il rejoint en 1980 les éditions Fayard où il va régner pendant quasiment 30 ans, alternant coups médiatiques  et oeuvres littéraires de longue haleine, mais aussi livres de vedettes et de personnalités politiques de tout bord. En 2005, il arrache aussi à prix d'or Michel Houellebecq à Flammarion.

Parti de Fayard en 2009, «L'empereur Claude» avait postulé à l'Académie française fin 2013, mais n'avait pas été retenu. «Si j'avais été élu, j'aurais été immortel. J'ai été battu, je n'en mourrai pas», avait-il réagi.