Victor-Lévy Beaulieu est loin d'avoir enterré la hache de guerre avec ses auteurs, même s'il déclare que la maison d'édition Trois-Pistoles est sauvée à la suite du succès de sa campagne de financement de 150 000$.

Dans une lettre envoyée aux auteurs de la maison d'édition Trois-Pistoles le 22 janvier, que nous avons obtenue, Victor-Lévy Beaulieu a affirmé qu'ils sont la cause de la baisse de ses subventions de la part du Conseil des arts du Canada et de la SODEC.

«... quelques plaintes adressées au Conseil des arts et à la SODEC par quelques-uns d'entre vous ont eu pour résultat que: 1) nous avons été pénalisés de 20 000$ pour les deux prochaines années par le CDA; 2) notre subvention globale de la SODEC a été bloquée... subvention que nous attendons toujours d'ailleurs. Autrement dit, sans ces quelques plaintes, nous aurions été en mesure de payer les droits dus...»

Dans une entrevue accordée à La Presse le 9 janvier dernier, M. Beaulieu avait pourtant soutenu que ce n'était pas pour non-versement de redevances de droits d'auteur que la subvention du CAC avait été diminuée. Il avait prétendu qu'on reprochait à la maison d'édition de «s'éparpiller» et de «ne plus répondre à son mandat».

Dans sa lettre, VLB estime ni plus ni moins que les auteurs sont responsables du fait qu'il n'a pas encore payé les redevances, ce qu'il aurait dû faire au plus tard en juin 2014.

«Les premiers à être pénalisés par les quelques plaintes ont donc été vous-mêmes, chères écrivaines et chers écrivains... tout cela à cause principalement d'un auteur par-devers lequel un différend nous opposait et qui, plutôt de voir à régler le problème avec nous, s'est fait aller la trappe de tous bords et de tous côtés», écrit M. Beaulieu, qui se sent «pris à partie et abîmé par les insultes».

UNEQ

De son côté, l'UNEQ (Union des écrivaines et écrivains québécois) souligne qu'un éditeur doit, en vertu de la Loi sur le statut de l'artiste, remettre tous les ans un rapport de ventes à ses auteurs, et ce, peu importe le nombre de livres vendus.

Plusieurs auteurs ayant publié chez Trois-Pistoles ont fait part à La Presse dans les dernières semaines du fait qu'on ne leur avait pas versé leurs redevances et même qu'ils n'avaient pas reçu de rapport de ventes annuel. L'écrivaine Francine Allard affirme que la maison d'édition lui doit au moins 10 000$.

«Ça fait deux ans que je n'ai pas de nouvelles ni de rapport de ventes», indique également Alain Boucher, qui a publié deux livres aux Éditions Trois-Pistoles. Il publie désormais chez Hurtubise.

«J'ai de très bonnes relations avec ma nouvelle maison, souligne-t-il. Victor-Lévy Beaulieu est un grand écrivain, mais quand il s'agit d'affaires, ça ne fonctionne pas.»

Par ailleurs, Victor-Lévy Beaulieu a annoncé qu'il avait pratiquement atteint l'objectif de 150 000$ de la campagne de financement qu'il a lancée sur Facebook pour sauver sa maison d'édition et publier son ouvrage sur Nietzsche. Ces fonds ne serviraient pas, toutefois, au remboursement des redevances de droits d'auteur, nous avait-il dit.