Livre après livre, Eduardo Mendoza parvient à rendre l'invraisemblable crédible, grâce à un humour déconcertant et imprévisible que sert à merveille son style baroque.

Ces Trois vies de saints sont en fait autant de nouvelles racontant la vie singulière d'autant d'hommes dont le destin improbable sert de révélateur de notre société, sur laquelle l'auteur porte son regard toujours féroce.

Dans la nouvelle La baleine, dont l'ampleur la qualifierait de roman dans la littérature française actuelle, un évêque latino-américain de sang autochtone se retrouve dans la Barcelone franquiste, alors que son pays est l'objet d'un coup d'État fasciste.

Vite rejeté par le clergé de droite et la bourgeoisie dévote, il est accueilli par une modeste famille ouvrière, où se révèlera sa vraie nature, une fois ses oripeaux quittés.

La fin d'une autre nouvelle décrit l'étrange destin d'un solitaire appelé à recevoir un prix scientifique remporté par sa mère, morte récemment. Son discours d'acceptation est une critique profonde de notre condition humaine.

Encore une fois, la traduction de François Maspero ajoute à l'éclat de l'auteur, si la chose est possible.