«Cette entrée à l'Académie, je l'offre à Haïti et au Québec», a réagi l'écrivain canadien d'origine haïtienne Dany Laferrière, élu jeudi à l'Académie française, une distinction saluée dans tout Haïti.

«Laferrière, notre Citadelle à l'Académie française», titrait en Une vendredi le seul quotidien francophone d'Haïti, Le Nouvelliste - une référence à la Citadelle Laferrière, un fort situé dans le nord du pays. Radios et journaux étaient à l'unisson pour saluer un «honneur» fait au pays, qui peine toujours à se relever du terrible séisme de 2010.

«Cette entrée à l'Académie je l'offre à Haïti et au Québec. Ces deux pays m'ont structuré», a de son côté déclaré Dany Laferrière à l'AFP, se souvenant qu'après son départ pour l'exil, ses premières années au Québec avaient été déterminantes dans sa vie et sa carrière d'écrivain.

«J'ai travaillé pendant huit ans dans des usines, faisant des petits boulots, occupant des petites chambres en ville jusqu'à la publication de mon premier roman. Les années québécoises sont des années déterminantes», a-t-il pointé.

Né à Port-au-Prince, Dany Laferrière a passé une partie de son enfance dans la ville de Petit-Goave, située une centaine de kilomètres à l'ouest de la capitale d'Haïti.

D'abord journaliste en Haïti, il a quitté l'île en 1974 pour s'installer au Québec après l'assassinat d'un ami journaliste par les hommes de main de Jean-Claude Duvalier.

Les écoliers de Petit-Goave devaient fêter vendredi l'entrée de l'écrivain à l'Académie française par une manifestation: «Je ne rêvais pas mieux que d'attendre les résultats dans ma bonne vieille ville natale et d'être au milieu des jeunes lycéens», a conclu Dany Laferrière, depuis l'hôtel où il séjourne pour une foire internationale du livre à Port-au-Prince.

L'écrivain a ironisé sur le défilé de personnalités venues le féliciter: «Immortel, mais quand même bien fatigué».

«C'est d'abord un honneur pour les Haïtiens qui ont toujours honoré le savoir et l'ouverture de ce grand auteur», a de son côté réagi le président Martelly, souhaitant que l'oeuvre de l'écrivain reste «éternelle dans la mémoire et le vécu de tous les Haïtiens».