Pour ce qu'il devra considérer, dans sa propre échelle d'éternel insatisfait, comme son plus bel échec à ce jour, Pierre Samson a remporté hier le Grand Prix du livre de Montréal pour La maison des pluies, un des deux titres finalistes de la maison Les Herbes rouges.

Le certificat d'honneur et la bourse de 15 000 $ qui vient avec ont été remis au romancier-scénariste - on lui doit la télésérie Cover Girl - par Frantz Benjamin, poète et conseiller municipal de Saint-Michel réélu pour l'équipe Coderre. «Lisez, c'est bon pour la santé», a conseillé M. Benjamin, récemment nommé personnalité politique haïtienne par la Jeune Chambre de commerce haïtienne.

Tenant d'une «prose érudite» qu'on finit par aimer à cause de la joie qui en émane, a écrit notre collègue Chantal Guy, Pierre Samson expliquait hier à l'animateur René Homier-Roy qu'il préférait au «quoi-dire» le «comment-dire», convergence de toutes les «perversions». «Tous les mots, même compliqués, nous appartiennent», soutient M. Samson, un ancien recherchiste qui a légué à son personnage, un linguiste, le goût de l'exploration et de l'inusité.

Les autres finalistes au Grand Prix étaient Martine Audet avec Des voix stridentes ou rompues, publié aux Éditions du Noroît, recueil d'une «poésie économe qui crée ses propres silences», a dit Nicole Brossard, la présidente du jury; Catherine Leroux pour Le mur mitoyen, roman de «fusion-séparation sur la rencontre de l'autre en soi» publié chez Alto; Alain Farah, pour Pourquoi Bologne, publié au Quartanier, un livre que René Homier-Roy a cru «injecté de LSD», et, pour la deuxième année de suite, le professeur-poète Marcel Labine pour son recueil Promenades dans nos dépôts lapidaires, aussi publié aux Herbes rouges.

Peu porté à la réserve, Pierre Samson a conseillé à la livresque assemblée réunie hier midi à la Chapelle historique du Bon-Pasteur de «prendre congé» de l'expression «industries culturelles», qui donne à penser que «tout est à vendre», même la littérature. Il a aussi répété «je coûte cher» quand René Homier-Roy l'a amené sur la question des téléséries: «On en prend bonne note», a souligné l'animateur de La bibliothèque de René.

La maison des pluies - qui veut dire «nuage» dans la langue africaine khoïsan - sera en vente au kiosque des Herbes rouges au Salon du livre, et l'éditeur François Hébert prévoit en vendre une centaine. «Je suis heureux pour l'auteur, mais ce n'est pas un livre populaire...»

Pierre Samson, qui a aussi signé Catastrophes et Arabesques, habite présentement au Japon, où il travaille à son prochain roman dont il a dévoilé le titre hier: Un homme en lambeaux. Comme lauréat du GPLM, M. Samson succède à Marie-Claire Blais, primée en 2012 pour Le jeune homme sans avenir (Boréal).

> Lisez l'entrevue que Pierre Samson a accordée à Chantal Guy lors de la sortie de La maison des pluies.