Interprète d'Éric Lupien dans 30 vies et de Nicolas Berthier dans Mémoires vives, Patrick Drolet publie Pour une dernière fois, je m'abaisserai dans tes recoins, un roman marquant la fin d'une trilogie sur la peur d'oublier.

«Après un essai poétique, puis un premier roman, je voulais conclure mon questionnement sur la mémoire: comment on fait pour oublier? Qu'est-ce qui fait qu'on oublie? J'ai connu dans le passé une personne aujourd'hui décédée. Et si je ne reprends pas année après année sa photo, son visage s'efface un peu, même si son essence reste là. Qu'arrive-t-il quand on n'arrive plus à dessiner un visage ou l'esprit d'un corps humain?», dit l'auteur dont le personnage principal a été abandonné par sa mémoire. Envahi par l'urgence de parler à quelqu'un, celui-ci va trouver refuge dans une église et tenter de renouer avec son passé à travers 14 chapitres construits autour d'une allégorie religieuse du chemin de croix.

Patrick Drolet poursuit déjà avec l'écriture de son prochain roman, lequel va cette fois interroger le silence. «Je veux explorer le silence, mettre des personnes en fin de vie ensemble et voir ce qu'il provoque», ajoute-t-il.

Après Tout ce que tu possèdes et La Neuvaine, le comédien collaborera à nouveau avec le cinéaste Bernard Émond dans son prochain film, adaptation d'Une banale histoire, une nouvelle d'Anton Tchekhov déjà adaptée en pièce de théâtre en 2011 par Marc Dugain.

«On est en attente de financement pour le moment. Je vais y interpréter un professeur universitaire qui a envie de remettre tout en question dans sa manière d'enseigner», conclut-il.

Q/R

Dans quel roman aimerais-tu vivre?

La trilogie new-yorkaise de Paul Auster. New York est une ville qui me fait extrêmement peur, mais qui me fascine au plus haut point. Elle a quelque chose d'à la fois chaotique et cartésien.

L'auteur qui t'inspire le plus?

Depuis quelques années, je suis dans une passe très «auteurs américains». Alors, je dirais John Fante ou John Updike, cette vieille génération qui avait l'art de saisir la vie quotidienne.

Un comédien avec qui tu échangerais de carrière?

Ed Harris, pour ce qu'il est, mais aussi parce que je ne l'ai jamais vu faire quelque chose de mauvais. Il sait vraiment choisir ses personnages.

Un personnage de cinéma que tu aurais aimé incarner?

Un jeune frappé par la foi et qui décide du jour au lendemain de devenir religieux et de se donner à Dieu. Je trouve ça fascinant et ça pourrait faire un bon film.

Une chanson qui te rappelle ton enfance?

Le catalogue au grand complet des Beatles. Plus jeune ça jouait en boucle chez moi. Chaque album me rappelle un lieu, un souvenir. Je devais avoir 10 ans quand j'ai écouté Sgt. Pepper. C'était la fin de l'été et c'est comme si j'avais découvert la fantaisie: j'ai compris qu'on pouvait être qui on voulait, et ça a été un véritable déclencheur pour l'imagination.

La chanson qui te représente le mieux?

Ça va peut-être avoir l'air prétentieux: soit le 2e concerto d'André Mathieu, soit le 3e concerto de Rachmaninov, pour leur grandeur. On passe sans cesse de quelque chose de grandiose à quelque chose de timide et de doux.

As-tu déjà fait quelque chose d'illégal?

Maintes et maintes fois, comme tout adolescent qui cherche ses limites. J'ai mis le feu à une borne d'essence pour savoir si elle était inflammable et je m'amusais à changer la couleur de l'eau des piscines de mon voisinage. Mais c'était toujours dans un esprit très scientifique!

Une chanson que tu écoutes en boucle en ce moment?

Une pièce qui s'appelle The Asphalt World, du groupe britannique Suede.