«Ce que le public te reproche, cultive-le: c'est toi!», a écrit Jean Cocteau, en 1919, dans son roman Le Potomak. Un siècle plus tard, cela reste le meilleur conseil à donner à tous les jeunes artistes.

Écrivain, peintre et cinéaste. Magicien de tous les arts, académicien mondain et dandy homosexuel, Jean Cocteau demeure un incontournable. Esprit brillant, poète inspiré et inspirant, il a marqué des générations d'artistes, de Francis Poulenc à Robert Lepage, en passant par Erik Satie, Jean Marais, Maria Casarès, Picasso...

Cinquante ans presque jour pour jour après sa mort (quelques heures après celle de son amie Édith Piaf), Cocteau est encore vivant. Voici cinq titres pour aborder son oeuvre.

Le livre blanc (1928)

Un classique de la littérature homo-érotique du XXe siècle, illustré et écrit par Cocteau... mais sans nom d'auteur ni d'éditeur. Il a fait l'objet de plusieurs rééditions, et le livre est maintenant offert en format de poche. Cocteau a longtemps hésité à revendiquer la paternité de son livre culte. Il aimait dire: «J'ai l'orgueil des vices qu'on me prête; je suis moins fier des vices que j'ai!»

La voix humaine (1930)

Une pièce en un acte avec un personnage sur la solitude, la folie, la rupture amoureuse. Elle a été écrite pour la comédienne Berthe Bovy et défendue, plus tard au cinéma, par la grande Anna Magnani, et aussi par Simone Signoret. Francis Poulenc en a fait une tragédie lyrique pour la célèbre interprète Denise Duval. Une captation sur film réalisée par Dominique Delouche est offerte en DVD. Plus près de nous, Sylvie Drapeau a défendu ce rôle à l'Espace Go en 1999.

La Belle et la Bête (1946)

La Belle (Josette Day) se sacrifie dans les bras de la Bête (Jean Marais). Terrorisée par lui au début, la Belle découvre rapidement que le monstre cache un coeur d'or... Une fable éternelle qui a inspiré les créateurs multimédias Michel Lemieux et Victor Pilon pour un spectacle créé au TNM. Ce classique du cinéma est ressorti cet automne sur DVD, en version restaurée et en haute définition, avec des inédits et des bonus.

Orphée (1950)

Encore un mythe transposé par Cocteau, avec Jean Marais dans le rôle titre. Et une traversée du miroir qui fascine tant l'imaginaire du cinéaste. «La Mort (Maria Casarès) faisait de la boucane en fumant», écrira Michel Tremblay, en rendant un bel hommage à ce film dans Les vues animées.

Les enfants terribles (1950)

Un film écrit par Cocteau, d'après son roman paru en 1929, et réalisé par Jean-Pierre Melville. Il met en vedette l'acteur Édouard Dermit, proche de Cocteau et aussi son légataire testamentaire, qui joue l'angélique et inoubliable Paul. Cocteau a aussi réalisé, en 1948, Les parents terribles, avec Jean Marais, d'après sa pièce éponyme.